Breaking Dawn Vous sentez vous surveillés, chers agneaux ? Ne sombrez pas dans une crise de paranoïa, par pitié, ce serait gâcher notre jeu. N'ayez crainte, nous ferons attention à tout ce qui tombera dans nos innocentes oreilles... Ou pas. |
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| drôle de dames. {masha} | |
| | Auteur | Message |
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Jesper Mac Leold
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| Sujet: drôle de dames. {masha} Dim 27 Juil - 16:54 | |
| « eleanore, réveille-toi. réveille-toi, j'ai dit. eleanore, j'ai pas toute la journée. voudrais-tu, s'il-te-plaît, ma très chère elanore, te réveiller ? eh, mais bon dieu de bordel, tu vas te réveiller ? »
Il la secoua et elle ouvrit les yeux, surprise d'avoir devant ses yeux, au réveil, la figure empourprée de Jesper. Elle resta quelques secondes silencieuse et puis se reprit, mais tout ce qu'elle dit se confondit en grognements confus qu'il ne put absolument pas comprendre. Il appela Vitaly, et lui demanda de traduire tout ce qu'elle dirait.
« elle te demande pourquoi – pourquoi – (il suffoquait de rire) pourquoi tu viens la faire chier dès le réveil. » « ah. merci, eleanore. je voulais te demander de me répéter le nom de ce bouquin que tu veux ; j'ai oublié. »
Là-dessus, il y eut un silence un peu plus prononcé, comme marquant de la réflexion de la part d'Eleanore. Et puis, enfin, elle prononça le nom du livre et celui de l'auteur. « The Wings of the Dove » de Henry James. Y avait-il quelque chose de plus littérairement romantique ? Jesper n'en avait aucune idée, mais c'est en tout cas ce que le titre lui inspirait. Quelques minutes plus tard, il avait déjà enfilé sa veste – ciel gris sur Londres, ce jour là – et bu son café. La porte claqua et le jeune homme disparut. Enfourcher son scooter provoqua en lui la même satisfaction que d'habitude, de même que sentir le vent sur son visage. C'était la première fois qu'il allait au Talking Bookshop et il mit dix bonnes minutes à le trouver. Foutu magasin. Cling, cling. Jesper leva le regard vers le petit objet, de tradition asiatique, qui venait de faire du bruit à son entrée dans la librairie. Puis, ses yeux parcoururent le magasin, dans lequel trois ou quatre silhouettes semblaient errer distraitement. Il eut un soupir désespéré à l'idée de devoir parcourir tous ces rayons pour un seul livre mais bientôt il eut l'impression que quelqu'un s'approchait de lui. Il se tourna donc vers la personne en question.
« masha ? »
Voix étranglée. Non. Vous savez quoi ? La présence de Masha ici, tout de suite, était tout bonnement impossible ; ça faisait cinq ans qu'il ne l'avait pas revue et tout n'allait sûrement pas recommencer maintenant. Si on vous dit que non, c'est non, enfin ! Il passa nerveusement la main dans ses cheveux : et voilà qu'il était devant son amour d'adolescent. Trouve quelque chose à dire, Jesper, n'importe quoi serait bon, maintenant, vas-y, mais parle !
« tu vas bien ? »
Ah, super. C'est vrai qu'avec ça, tout va s'arranger. Il retint un soupir de déception envers lui-même et se contenta de dévisager la jeune femme. Elle lui avait manqué. | |
| | | Masha Tweden I say buzz, buzz, buzz...
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| Sujet: Re: drôle de dames. {masha} Dim 27 Juil - 17:37 | |
| Allez, allez, dites lui que c'était une mauvaise blague/une caméra cachée/la poisse/un coup de chance inopiné (barrez la mention inutile). Masha plissa les yeux devant cette apparition d'ordre divine. Devant elle se tenait la personne qu'elle n'aurait jamais pensé revoir. La scène était digne d'un film pour teenagers en chaleur, si on devait lui donnait un titre, l'anglaise aurait sans doute opté pour "Cinq ans plus tard".
_ Tiens, tiens.. Jesper Mac Leold.. toi.. ici.
La jeune femme avait du mal à y croire. Sa respiration était devenue saccadée. Non, elle manquait d'air, il lui fallait de l'oxygène. Là, à quelques pas d'elle se tenait ledit Jesper Mac Leold, amour naïf de jeunesse, rencontré à l'atelier théâtre par le plus grand des hasards. La réaction de Masha était mitigée, d'abord par l'imprévu de cette rencontre et surtout, surtout, ce qu'elle devait dire ou faire. Elle qui était spontanée, on venait de lui poser une colle. Son visage était passé par toutes les expressions qu'elle pouvait montrer. On avait eu le stade "souriante, un nouveau client", le "surpris, je connais ce visage", l' "euphorique, han mon dieu c'est Jesper", l' "impassible, comment je dois réagir" et finalement l' "ahuri, bouche entrouverte - yeux écarquillé".
Masha commença à rire silencieusement, la situation était trop.. caustique pour qu'elle puisse rester une sérieuse de plus. Pourtant, rien n'avait laissé présagé cette surprise de dernière minute. Comme tous les matins, elle avait mis du temps à trouver le chemin de la salle de bain, avait renversé des céréales et du lait partout, avait failli se tromper de ligne de métro et venait de s'écraser le pied avec un carton rempli de livres fraîchement livrés. Une matinée des plus banales pour la jeune femme. Tripotant le stylo qu'elle avait dans les mains, l'anglaise avait le regard rivé vers le sol.
« tu vas bien ? »
C'est certain, il y a avait mieux dans la catégorie "phrases à dire en cas de retrouvailles avec une ex petite amie" mais Masha en fit abstraction. Elle releva les yeux vers lui et le dévisagea sans aucune gêne, curieuse de savoir les changements physiques de Jesper. Carrure moins frêle qu'au temps du lycée, cheveux toujours aussi en bataille et regard toujours aussi pénétrant et intimidant. l'anglaise toussota légèrement.
_ C'est assez mal placé comme question. Ça fait combien de temps, cinq ans non ?
Oh, aucune ironie dans sa voix, simplement de la frustration. Elle avait attendu, des semaines et des semaines, un appel du jeune homme - après leur rupture. Mais il n'y avait rien eut, et elle l'avait eu du mal à accepter cette fatalité.
_ Attends trente secondes.
D'un pas pressé, elle se dirigea vers le comptoir, d'où le gérant Carl avait une vue imprenable sur toute la boutique. Un vieil ami de la famille. Elle venait lui annoncer qu'elle prenait sa pause, à cause de "tu sais quoi" s'était-elle sentie obligée d'expliquer en montrant Jesper d'un léger coup de tête. Revenant vers Jesper, elle l'invita à sortir de la boutique, ne voulant pas déranger les clients en pleine exploration littéraire. Elle tourna sa tête vers le jeune homme, lui lançant un regard contrarié.
_ Je suppose que les gênes des Mac Leold t'ont obligé à te conduire comme un enfoiré hein ?
Elle tourna sa tête du côté opposé, n'attendant pas réellement de réponse mais plutôt une explication. D'un geste furtif, elle fouilla dans la poche de sa veste et en sortit un paquet dont elle extirpa une cigarette avant de tâter ses poches à la recherche d'un briquet. | |
| | | Jesper Mac Leold
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| Sujet: Re: drôle de dames. {masha} Dim 27 Juil - 18:42 | |
| « hier soir, j'ai choisi la pièce que nous allons jouer au spectacle de fin d'année : roméo et juliette, de notre très cher shakespeare. »
Il y eut un murmure et tous se regardèrent, étonnés de la décision de la professeur. Un classique, en somme. La plupart des adolescents baissèrent aussitôt la tête, sachant également qu'elle allait répartir les rôles principaux au même moment, et principalement les rôles des deux héros, du couple ; vous savez à quel point les adolescents sont pudiques. Seuls Jesper et Masha ne baissaient pas la tête, aucun des deux n'étant gêné par une telle chose. Et c'est ainsi qu'ils furent choisis pour interpréter les rôles en question. Ensemble.
*
« il faut qu'on répète, jesper. » « hein ? »
L'adolescent ne pouvait s'empêcher d'embrasser encore et encore la jeune femme dont il était aussitôt tombé amoureux, irrémédiablement et inexplicablement. Elle avait quelque chose de tout à fait extraordinaire qui l'électrisait et le faisait tout le temps penser à elle. Bien entendu, devant ses amis, il vantait seulement ses compétences au lit, mais en réalité, dès qu'il était seul ou avec elle, il savait que son coeur ne battait pas pour cela, pas pour le sexe. Son sourire s'élargit quelque peu.
« jesper, il faut qu'on – qu'on - »
*
« ne fais pas semblant, c'était évident depuis le début. » « je – je – masha ! »
Ses moufles rouges. Son bonnet rouge. Ses yeux. Elle. Elle quoi ? Elle partait. 15 décembre. Ou comment l'adolescent énamouré s'était fait plaquer. Il avait failli le dire, il avait failli prononcer les mots magiques, les mots qui auraient tout arrangé, le tout bête et tout simple « je t'aime » mais en avait été incapable, tout bonnement incapable. Je t'aime, bon dieu de bordel. Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime. Mais non. Elle était simplement partie, et il neigeait, et il était seul, et elle était partie, et il était seul. Bon dieu de bordel. Elle était partie, partie, partie, partie, partie. Et son coeur qui battait seul. Tout seul.
*
Et cinq après. Ils étaient l'un face à l'autre, les yeux un peu ouverts, le coeur un peu battant, les émotions un peu animées. Elle était de nouveau là. Il n'avait toujours pas prononcé les mots magiques. Ils étaient ensemble mais seuls. L'un face à l'autre. Cinq ans après.
« tu vas bien ? » « c'est assez mal placé comme question ; ça fait combien de temps, cinq ans, non ? » « ça dépend. la dernière fois qu'on s'est vus, c'était il y a cinq ans, trois mois et - deux jours. quant à la dernière fois qu'on s'est embrassés, c'était il y a cinq ans et huit mois. tu sais, décembre. »
Il baissa la tête. Tais-toi, Jesper. Elle n'a aucune envie de parler de la rupture et tu n'as certainement pas le droit de faire irruption dans sa vie, cinq ans après, pour lui en parler : ne vois-tu pas à quel point elle t'en veut ? Regarde dans ses yeux. Non, pas de haine ni de colère, du moins pas encore. Un silence.
« attends trente secondes. »
Elle allait vers Carl. Peut-être qu'elle allait lui demander s'il pouvait s'occuper de lui. Allait-elle partir, disparaître, s'évanouir dans les airs comme ce fameux quinze décembre, quand elle lui était passé entre les doigts comme du sable chaud, comme de l'eau glaciale, comme ces flocons de neige qui tombaient stupidement sur les rues londoniennes ? Jesper déglutit difficilement. Et puis un sourire triste vint se poser sur ses lèvres : elle revenait. Cinq ans après.
« je suppose que les gènes des mac leold t'ont obligé à te conduire comme un enfoiré, hein ? »
Jesper tourna les yeux vers Masha, étonné qu'elle veuille bien parler de ce moment difficile, de leur relation, de leur rupture, de ça. En voyant qu'elle allumait une clope, il fut soulagé, et en alluma également une ; ça allait un peu faciliter la conversation. La première bouffée fut la meilleure. Deux ou trois suivirent et puis, enfin, il répondit à la question qu'elle lui avait posé.
« je ne me suis pas conduit comme un enfoiré, masha ; je me suis conduit comme un lâche adolescent trop fier pour prononcer les trois petits mots qui t'auraient rassurée. mais je peux t'assurer quelque chose, au moins : c'est que je t'ai- »
Et merde. Il n'y arrivait toujours pas. Cinq ans étaient passés mais Jesper n'avait toujours pas eu la relation qui l'aurait débloqué, il n'avait toujours pas prononcé ces petits mots qui auraient tout changé, hier, aujourd'hui. Mais elle ne le croirait toujours pas s'il ne les prononçait pas. Elle ne le croirait pas. Cette phrase était obsédante dans l'esprit de Jesper. Elle devait être dubitative. Elle ne le croyait pas. Il tira une bouffée étonnamment longue et puis, après avoir expiré une masse de fumée assez hallucinante, il se mit face à elle, ses yeux dans les siens.
« c'est que je t'aimais. » | |
| | | Masha Tweden I say buzz, buzz, buzz...
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| Sujet: Re: drôle de dames. {masha} Dim 27 Juil - 20:35 | |
| Cinq ans et huit mois. Cinq ans et huit foutus mois. Masha était incapable dire si le temps lui avait paru long ou non. Ce dont elle était certaine en revanche, ces cinq années et ces huit mois n'avaient pas suffi pour effacer le souvenir, non le dossier, Jesper Mac Leold. Elle s'entichait rapidement d'une personne, mais Jesper avait longtemps occupé ses pensées. Avant et après. Revoir son visage avait été comme un choc électrique, un visage qu'elle avait connu et connaissait dans ses moindres détails.
L'anglaise tira une première fois sur sa cigarette, essayant de faire durer son geste le plus longtemps possible. Histoire d'occuper ses mains ou son esprit, être concentré sur autre chose, afin de ne pas avoir le réflexe de poser son regard enfantin sur l'homme auquel, avouons-le, elle pensait souvent. En bien ou en mal d'ailleurs.
« je ne me suis pas conduit comme un enfoiré, masha ; je me suis conduit comme un lâche adolescent trop fier pour prononcer les trois petits mots qui t'auraient rassurée. mais je peux t'assurer quelque chose, au moins : c'est que je t'ai- »
Je t'ai-quoi. Masha tourna la tête et observa attentivement le jeune homme, profitant du silence engendré pour recracher la fumée. Ses yeux commençaient à s'embuer, impossible de déterminer la cause. La fumée trop longtemps conservée. L'émouvante explication, façon Jesper. L'anglaise secoua légèrement la tête, attendant la suite. Le trouble du jeune homme était facilement perceptible.
« c'est que je t'aimais. »
Elle s'attendait à tout sauf à ça, sans doute. Il s'était positionné en face d'elle, Masha se demandait si avec une telle déclaration, il s'attendait à ce qu'elle lui saute dans les bras. C'était beaucoup plus compliqué.
_ Ah non, Jesper, tu n'as pas le droit de me dire ça !
Malgré l'exclamation, aucune colère ne transparaissait dans sa voix, seulement de la surprise. L'air ahuri, elle mit les deux mains sur les hanches.
_ Tu.. ne peux pas, dire ça maintenant. Je ne remets pas à cause la véracité de tes propos. Pour débarquer comme ça et me le balançait à la figure, c'est certainement sincère. Mais le problème est là : tu débarques Jesper.
Les deux yeux écarquillés de cette façon, Masha avait quelque chose de flippant. Elle ressemblait de près à un détenue d'asile à qui on aurait tout juste enlevé sa camisole de force. Elle gesticulait à présent, se balançant d'un pied sur l'autre, tout en prenant une bouffée de sa clope, agitant l'autre bas, roulant des yeux. Oui, elle était surprise, et ça se comprenait.
Puis tout d'un coup, ce fut comme si quelqu'un avait pressait le bouton off. Masha s'assit par terre, la tête et les yeux levés vers le jeune homme. Elle avait l'impression d'être une gamine, dans la cours de récréation de son école maternelle. Puis réalisant la situation très peu inconfortable que pouvait vivre Jesper, elle décida de reprendre la parole, tout en pesant ses mots.
_ Tu dois le savoir. Je t'aimais également. C'était même.. encore plus.. comment dire, intense. Et sans aucun doute, je t'aime toujours. Oui, même si ça fait mièvre. Un peu comme Roméo et Juliette.
L'anglaise repartit dans un petit rire nerveux, conciente de la stupidité de ses propros. Elle haussa alors les épaules, fixant un point derrière les jambes de Jesper. D'un geste lent, elle remit une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille et invita son compagnon à s'asseoir.
_ Tu sais, j'ai attendu un certain temps avant de désespérer. Maintenant, je pense qu'il est trop tard Jesper. Enfin je veux dire.. même si c'est le désert dans ma vie.. sentimentale, tu ne peux pas provoquer une tempête de sable, le passé reste le passé non ? Ca a toujours marché comme ça je suppose..
Elle tourna la tête vers lui, les lèvres en coeur tandis qu'elle essayait elle-même de comprendre le charabia qu'elle venait de dire. | |
| | | Jesper Mac Leold
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| Sujet: Re: drôle de dames. {masha} Lun 28 Juil - 1:51 | |
| « ah non, jesper. tu n'as pas le droit de me dire ça ! »
De toutes les réactions qu'elle aurait pu avoir, s'il y en avait bien une à laquelle Jesper ne s'attendait pas, c'était bien celle-là. Il regarda la jeune femme avec une surprise amusante, tandis qu'elle-même se démenait ; on aurait dit un personnage, c'est comme si elle avait de nouveau enfilé un costume et qu'elle se jouait de lui. Un frisson. A cause cette attitude étrange qu'elle avait, ou plutôt grâce à cette attitude étrange qu'elle avait, Jesper se souvenait de tout ce qui l'avait fait tomber amoureux d'elle ; parce que monsieur avait et a toujours des critères assez particuliers. Pour lui, peu importe que la fille soit belle, il faut qu'elle ait du charme, mais pas du charme surfait, non, un charme étrange, venu d'une passion, d'une attitude, d'une folie, de quelque chose. Et cela, Masha l'avait toujours eu – ce qui se remarquait particulièrement maintenant, éveillant ainsi des souvenirs qu'il valait peut-être mieux laisser en arrière.
Elle parlait. Elle disait des choses mais rien n'avait de sens, c'est comme si elle se contredisait perpétuellement ; il ne pouvait pas lui dire ça puisqu'il débarquait, d'autre part elle l'avait aimée et puis elle l'aimait toujours, mais en fait rien n'était possible, puisqu'il était bien trop tard. Jesper, comme à son habitude, préféra garder en mémoire seulement les propos qui lui plaisaient, autrement dit ceux-ci : « je t'aime toujours ». Lentement, ses jambes se dérobèrent sous lui et il s'assit aux côtés de Masha, savourant la proximité supposément involontaire que cette position instaurait. Aspirer, expirer.
« alors comme ça, toi aussi tu te souviens de roméo et juliette. le début de notre histoire ; la belle époque, en somme. »
Jesper regardait les murs grisâtres face à lui, mais son coeur battait car il sentait les yeux de Masha sur lui. Comme un comédien, comme un acteur, il laissa un sourire rêveur poindre sur son visage, l'éclairer d'une expression différente, priant pour qu'elle aime, priant pour qu'elle ne renonce pas, priant pour qu'elle ne parte pas. Il ne pourrait pas encore dire « je t'aime », il ne pourrait pas encore être le petit copain parfait, il ne pourrait pas encore combler toutes ses espérances, mais il pourrait faire tellement mieux. Si seulement elle lui laissait une seconde chance. Le bénéfice du doute.
« on était bien ensemble, hein, masha ? faut au moins s'avouer ça. »
Sa tête se tourna vers elle, ses yeux scrutèrent son visage, et puis sans qu'il pût contrôler ou réprimer ce mouvement, ses lèvres allèrent trouver celles de la jeune femme. Elle lui avait tant manqué, bon dieu. Il aurait dû s'éloigner aussitôt, se confondre en excuses, sortir le nom du bouquin, faire quelque chose ou crier à l'aide, mais non, il savoura ce moment sans s'en cacher, sans dissimuler son plaisir. Enfin. Mais. Un sentiment commença à monter en lui. Tout était trop facile. Elle changerait d'avis. Elle se moquerait de lui. C'était une vengeance. Il s'éloigna soudainement, ne prit pas le temps d'achever sa cigarette, la lança au hasard dans la rue et passa la main dans ses cheveux. Il était debout. Quand s'était-il levé ? Après le baiser, sans doute. La tête lui tournait.
« the wings of the dove. j'ai besoin de the wings of the dove, de henry james. »
Son coeur battait à un tel point qu'il allait s'évanouir. Elle voulait se venger. Obligé. Elle ne pouvait pas être amoureuse de lui. Elle ne savait pas. Pas qu'il était drogué, pas qu'il était débauché, pas qu'il draguait et couchait comme on change de chemise, pas qu'il était un navire sans attaches, pas qu'il était faible. Elle ne savait rien. Lui enseigner ? Ca la ferait fuir. Il souffrirait, elle partirait ; encore. Henry James. Concentre-toi sur Henry James, Jesper. | |
| | | Masha Tweden I say buzz, buzz, buzz...
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| Sujet: Re: drôle de dames. {masha} Lun 28 Juil - 11:25 | |
| Difficile de s'y retrouver, même à la place de Masha. Certaines paroles frisaient l'évidence, d'autres étaient complètement absurdes. Elle n'avait jamais été douée pour les conversations dans le blanc des yeux, quand elle n'avait pas le temps de préparer son discours, il lui arrivait de paniquer sans même s'en rendre compte. « tu ne peux pas provoquer une tempête de sable, le passé reste le passé non ? » comment avait-elle réussi à sortir une telle imbécilité ? Elle se mordilla la lèvre supérieure en regardant droit devant elle, essayant de déterminer si la bévue de l'année venait d'être faite. Ses mains s'étaient mises à trembler. Son corps entier criait au loup, soudain pris d'une pulsion des plus libidineuses. Elle avait besoin de sentir sa peau contre celle de Jesper, son parfum mêlé à l'odeur de tabac froid, d'éprouver une nouvelle fois ce sentiment de proximité.
« alors comme ça, toi aussi tu te souviens de roméo et juliette. le début de notre histoire ; la belle époque, en somme. »
Il s'était assis entre temps, Masha gardait la tête baissée alors qu'il évoquait leurs premiers souvenirs, ensemble. Un sourire était venu éclairé son visage enfantin - ce sourire bien à elle digne d'une enfant de sept ans à qui on aurait offert la poupée de ses rêves. L'anglaise tourna son visage vers Jesper, cherchant à croiser son regard. Elle roula alors les yeux, signe d'approbation dans le cas actuel.
« comment oublier cette pièce ? la belle époque, c'est certain, j'ai même eu du mal à différencier notre histoire de celle que partageait Roméo et Juliette. la plus belle histoire d'amour de tous les temps. »
Roméo et Juliette, ou Jesper et Masha ? Difficile de déterminer la pensée exacte de la jeune femme, à présent plongée dans une humeur nostalgique, se rappelant ces nuits blanches, à travailler d'arrache pied pour apprendre ses répliques, bien décidée à ne pas se ridiculiser devant Roméo.
« on était bien ensemble, hein, masha ? faut au moins s'avouer ça. »
Elle arqua un sourcil, le regard totalement perdu dirigé vers Jesper, toujours à ses côtés. Pourquoi se sentait-il obligé d'évoquer incessamment le passé et ce qu'ils avaient pu vivre ? Elle refusait de vivre dans le passé, elle préférait aller de l'avant. Néanmoins, elle hocha la tête, résistant à l'envie d'enlacer le jeune homme, tout à fait attendrissant à cet instant précis.
« je me vois mal affirmer le contraire... »
Dans un moment de confusion totale, voyant le visage de Jesper s'approchait du sien, elle se surprit à chercher ses lèvres, allant même jusqu'à poser une de ses mains sur la joue de son compagnon. Scellant ainsi un nouveau baiser, le premier depuis cinq ans et huit mois. Difficile de dire si ledit baiser était la véritable conclusion de leur histoire ou bien le début d'un nouveau chapitre. Dans les deux cas, la situation était chaotique dans la tête de la jeune femme. Sentant Jesper se dérober, elle ouvrit les yeux, adoptant l'air ahuri d'un enfant à qui on aurait enlevé son hochet. Elle le scruta attentivement, son hochet vivant. Il la faisait mariner, elle trouvait ça mesquin de sa part. Après tant d'années, il n'avait pas le droit de la laisser attendre plus longtemps et de la re-quitter de manière aussi.. brusque et abrupte.
« the wings of the dove. j'ai besoin de the wings of the dove, de henry james. »
Ses yeux se dirigèrent vers lui, debout à présent. Elle l'observa longtemps, laissant s'installer un silence pesant. Partagée entre l'envie de lui re-sauter dessus, de plonger son visage dans le cou du jeune homme, ou de lui envoyer une réplique cinglante afin de lui faire comprendre sa frustration.
« tu te fous de moi ? »
Aucun des deux propositions précédentes n'avaient abouti, mais cette question rhétorique s'était échappée de sa bouche.
« d'abord, tu débarques dans la boutique, non tu redébarques dans ma vie, comme ça, POUF, tu évoques des anciens souvenirs, tu réussis à m'attirer de nouveau dans tes filets et tu comptes réellement m'y laisser, encore une fois ? »
Elle serra les poings, essayant de garder un air calme et olympien. Elle laissa Jesper seul quelques instants, afin d'entrer dans la boutique et chercher l'œuvre d'Henry James. Persuadée que ses dernières paroles le feraient peut-être réagir. | |
| | | Jesper Mac Leold
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| Sujet: Re: drôle de dames. {masha} Lun 28 Juil - 12:12 | |
| Jesper était un crétin. Sentimentalement parlant, bien sûr, parce que sinon, il s'en sortait plutôt bien. La chose est qu'il avait terriblement peur de s'attacher : eh bien oui, quand on s'attache, on souffre. Prenez par exemple ses parents, ou plutôt ce qu'il en restait, il avait toujours eu une mère mais jamais d'père, puisque parti à l'annonce de la grossesse (sa mère ne lui avait jamais révélé son identité d'ailleurs). Le fait qu'il ne puisse pas dire je t'aime n'était pas anodin, et s'il avait peur d'une fille entre toutes, c'était bien de Masha, dont il était tombé amoureux et par qui il s'était fait rejeté. Cela explique certainement le retournement de situation ; sauf qu'il ne s'attendait pas à ce qu'elle se batte pour lui, pour eux.
« tu te fous de moi ? d'abord, tu débarques dans la boutique, non, tu redébarques dans ma vie, comme ça, POUF, tu évoques des anciens souvenirs, tu réussis à m'attirer de nouveau dans tes filets et tu comptes réellement m'y laisser, encore une fois ? »
Jesper ouvrit la bouche mais Masha avait déjà disparu à l'intérieur du magasin, partie telle une furie chercher le bouquin de Henry James en espérant que le jeune homme, dehors, prendrait ce temps pour réfléchir. Mais ce qu'elle ne comprenait pas, c'est que pour lui, ça n'était pas du tout ce qu'il s'était passé : pour lui, c'était elle qui avait débarqué dans sa vie, again, et c'était elle qui avait d'abord parlé de Roméo & Juliette, et c'était elle qui l'avait attiré dans ses filets. Alors, bon, forcément, chacun sa vision des faits, mais vous comprenez que ça peut destabiliser celui qui croyait à une vengeance de la part de l'ennemi.
Après quelques secondes de mutisme et d'immobilité, Jesper se décida enfin à rentrer dans la boutique, avec le nouveau cling-cling qui révéla sa présence à tout le magasin – quelques silhouettes se tournant même vers lui avec une mine pas très jolie. C'est pas le moment, avait-il envie de leur dire, mais il se retint et se contenta de chercher des yeux la jolie Masha, accroupie dans sa recherche du fameux bouquin. Ah. Il s'approcha, silhouette surplombant ainsi celle de la Juliette d'antan, celle de la Juliette d'aujourd'hui. Il y eut un sourire et puis il y eut le rapprochement – hm – diabolique : Roméo s'accroupit lui aussi.
« on va prendre un café ? Je ne pense pas que ce soit le meilleur endroit pour parler de – de ça. »
En réalité, il n'avait aucune envie d'en parler, mais il savait très bien où on servait le meilleur café de la ville et si ça pouvait lui donner un peu plus de temps avec Masha, il était preneur.
hrp - très important, j'ai la suite toute faite dans ma tête, enfin celle que je décrirai dans le post d'après, donc pliiz ne va pas dire jusqu'à dire qu'on se rend au café parce que mon scénario est brisé sans ça. thaaaanks. | |
| | | Masha Tweden I say buzz, buzz, buzz...
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| Sujet: Re: drôle de dames. {masha} Lun 28 Juil - 12:50 | |
| Une fois à l'intérieur de la boutique, Masha s'arrêta quelques secondes sur le seuil de la porte. Reprendre ses esprits, oui. Encore un peu plus et elle frisait la crise de nerfs. Elle caressait l'idée d'un retour à la normal, avec ou sans Jesper. Elle aimait la banalité, abhorrait les changements. Elle craignait les bouleversements existentiels, évitait les disputes, essayait de ne froisser personne. Et le plus amusant, elle venait de tout vivre à l'instant. Elle observa ses ongles pendant un moment qui lui parut une éternité. Sentant quelques paires d'yeux rivés vers elle, l'anglaise releva la tête et se dirigea vers le rayon où elle pourrait trouver toute l'œuvre d'Henry James.
Drôle de coïncidence, elle ne pouvait citer qu'une seule et unique phrase de l'auteur, qui ressemblait de près à "il est temps de vivre la vie que tu t'es imaginée". Une moue contrariée, non, ce n'était pas le moment. Elle pencha légèrement sa tête, à la recherche d'un The Wings of the Dove inscrit sur une des reliures. Ne le trouvant pas sur les étagères, elle s'accroupit et fouilla dans les cartons, s'entassant contre le mur. Des centaines de livres attendant d'être exposé dans la coin de la littérature étrangère. L'incroyable homme de route Kerouac, le mystérieux Edgar Allan Poe, le fameux Salinger, T.S Eliot, Hemingway, Hemingway, Thoreau, Ginsberg, Burroughs le magnifique. Kerouac, Kerouac, Kerouac. Une immense envie de parcourir les routes américaines se pointa, son esprit était en pleine divagation. Elle se retrouvait dans l'écriture de Kerouac, une envie de voyage, de rencontre. Elle était tellement absorbée par ses divagations qu'elle faillit manquer de peu le livre convoité.
Entre temps, le léger tintement de la clochette de la porte d'entrée s'était fait entendre. Par les autres clients du moins. Les yeux rivés sur le bouquin qu'elle avait entre les mains, Masha le contempla longtemps, avant de se mettre à ranger les livres qu'elle avait sorti pour les besoins de sa recherche.
« on va prendre un café ? Je ne pense pas que ce soit le meilleur endroit pour parler de – de ça. »
Ça quoi ? Elle leva le nez vers son locuteur et s'aperçut qu'il s'agissait de Jesper, en personne. Le ça avait une signification nouvelle. Elle ne précipita pas pour répondre, se contentant -pour le moment- de ranger un à un tous ces prodiges américains. Elle jeta un coup d'œil furtif vers le jeune homme, et finalement, hocha la tête comme simple réponse. Son éternel envie de parler semblait s'être dissipé, chose rare chez Masha.
Une minute plus tard, ils sortaient de la boutique. L'anglaise avait pris le soin de prévenir Carl et avait une pause prolongée pour le reste de la matinée. Silencieuse, elle emboîta le pas à Jesper, dans cette ruelle déserte. Les rares passants étant des touristes égarés. Les yeux rivés vers le sol, l'anglaise n'avait aucune idée de conversation pour rompre ce silence de plomb, qui commençait à se faire lourd. | |
| | | Jesper Mac Leold
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| Sujet: Re: drôle de dames. {masha} Lun 28 Juil - 13:13 | |
| Elle avait acquiescé. Bon, elle aurait pu bondir de joie et lui sauter au cou, mais qu'elle ait acquiescé, c'était déjà beaucoup. Jesper s'en contenta donc et alla auprès de Carl acheter le bouquin qui avait brisé leur baiser et qui lui attirerait la reconnaissance éternelle d'Eleanore – du moins y'avait intérêt parce qu'après tout ce dont il était la cause, ce foutu bouquin, elle allait avoir intérêt à le garder précieusement. Ils sortirent du magasin ensemble, ensuite, et se retrouvèrent à nouveau dans la rue. Marcher. Jesper sortit aussitôt une clope. Il fuma en traversant la rue avant de retrouver le scooter qu'il avait abandonné sur la place. Un mince sourire apparut sur son visage, car il se souvint d'avoir dit à Masha, quand ils sortaient encore ensemble, au lycée, qu'il voulait un scooter plus que tout au monde. Il est temps de vivre la vie que tu t'es imaginée.
« attends, je vais te donner un casque. »
Dans son coffre, Jesper avait toujours deux casques. Pourquoi ? Parce qu'en tant que dragueur incurable, il avait tout intérêt à pouvoir déplacer les dames chez lui et de manière ultra rapide, afin qu'elles ne puissent pas réfléchir aux conséquences de l'acte. Elles auraient tout le temps d'y réfléchir le lendemain. Mais là, ça n'était pas la même chose. Il allait mener Masha comme les autres, mais Masha n'était pas n'importe qui. Il espérait aussi qu'elle ne réfléchisse pas, mais simplement pour qu'elle ne lui échappe pas. Pas pour le sexe, bon dieu de bordel, à cause de son coeur qui battait.
« tu n'as pas peur en scooter, j'espère. »
Quoique. Si elle avait peur, peut-être qu'elle s'accrocherait plus fortement à lui. Il avait soif de la proximité qui lui avait tant manqué – oui, Jesper reste un mec pur et dur, on sait. Il tendit un casque à Masha, mit le sien, enfourcha le scooter, attendit qu'elle fasse de même, et puis démarra l'engin. Aussitôt, les battements de son coeur se calmèrent. Il allait tout guérir par un coup d'accélérateur. Entre les voitures, il se mit à filer, comme d'habitude, mais avec un léger poids en plus, un poids qui se faisait léger dans son coeur, un poids qui se faisait exceptionnel dans son âme. Elle était là, bien là, derrière lui. A nouveau. Le chemin ne prit qu'une quinzaine de minutes et puis ils arrivèrent devant chez Jesper. Sans laisser à Masha le temps de dire quoique ce soit, il l'invita à le suivre et entra dans le bâtiment, cherchant désespérément ses clés dans ses poches. Trouvées, entrées, tournées. Et puis la porte s'ouvrit.
« viens, la cuisine est par là. »
Il y avait un comptoir, avec des tabourets, d'où on pouvait voir toute la cuisine. Jesper indiqua un tabouret à la demoiselle avant de filer lui-même dans l'espace qui lui était réservé. Ce qu'il eut à faire ? Simple. Prendre deux capsules, les mettre dans la machine, attendre, laisser couler, puis tendre sa tasse à Masha avant de lever la sienne en signe de « tchin ».
« et voilà : le meilleur café de londres. » | |
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| Sujet: Re: drôle de dames. {masha} Lun 28 Juil - 14:20 | |
| Elle n'avait pas peur, non. Elle n'était pas habituée. Masha était surprise de se retrouver à l'arrière du scooter de Jesper alors qu'elle croyait naïvement prendre un café au Starbuck du coin. Que nenni, il n'en était rien. Par crainte de s'envoler - ce qui serait fort dommage, avouons le - Masha s'agrippa au jeune homme, du plus fort qu'elle le put. Elle avait toujours préféré circuler en métro, moins dangereux selon elle, et n'avait pas à fermer les yeux par crainte d'être percutés à tout moment. Réaction enfantine, je vous l'accorde mais Masha n'a jamais prétendu avoir dix huit ans.
Rassurée, saine et sauve, ils s'étaient enfin arrêtés. Elle enleva son casque, le tendit à Jesper tout en observant les environs. Aucun café à l'horizon, assez perplexe, la jeune femme n'eut pas d'autres choix que d'accepter l'invitation Jesper. Lui emboîtant à nouveau le pas, ils entrèrent dans un bâtiment à l'architecture typiquement victorienne. Etrange contraste avec l'intérieur - moderne -, où la couleur blanche dominait. Masha se contenta de scruter le décor, à défaut de parler, tout en entendant le tintement d'un trousseau de clés et une porte s'ouvrir.
« viens, la cuisine est par là. »
Elle s'était mis le doigt dans l'oeil, jusqu'au nerf optique. C'était toujours la même donne avec Jesper, elle n'allait pas s'en plaindre, il avait toujours eu tendance à la surprendre avec de petits détails. De tout petits détails anodins la plupart du temps. Comme cette histoire de cinq ans et huit mois, Masha le trouvait touchant à sa manière. Elle l'observa s'activer de l'autre côté du comptoir, ne le quittant du regard seulement pour s'emparer de la tasse qu'il lui tendait sous son nez.
« et voilà : le meilleur café de londres. »
Elle eut un petit rire et but une première gorgée. On passera la longue description du breuvage qui n'est d'aucune utilité.
« tu as de l'ambition, aucune personne saine d'esprit n'avait encore envisagé d'écraser Starbuck »
Un sourire éclaira son visage, ne tenant déjà plus en place, elle se leva et se fit quelques pas en direction du jeune homme, passant de l'autre côté du bar et s'adossant à la cloison. Ses yeux faisaient des allers et retours dans l'appartement, intriguée par les nombreuses photos et les vinyles qui décoraient les murs.
« chouette caverne en tout cas, ce sont des vrais ? »
Elle pointa un doigt en direction des vinyles de Bob Dylan. Dingue ce qu'elle pouvait trouver à dire afin de combler un silence, trop pesant à son goût. Baissant les yeux sur son café, elle trempa un doigt dans la tasse. Le teint de l'anglaise avait viré au pourpre à présent.
« je suis désolée pour tout à l'heure, je me suis emportée sans aucune raison » déclara-t-elle en scrutant d'un doux regard, se sentant quelque peu honteuse de son récent énervement et de ses plates excuses. Ou un moyen comme un autre de relancer une conversation à propos d'un sujet délicat. Après avoir gouté une nouvelle fois aux lèvres de Jesper, Masha devait l'admettre, l'idée de recommencer la tentait de plus en plus. Depuis quand le café avait des vertus aphrodisiaques au fait ? | |
| | | Jesper Mac Leold
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| Sujet: Re: drôle de dames. {masha} Mar 29 Juil - 0:06 | |
| « tu as de l'ambition : aucune personne saine d'esprit n'aurait envisagé d'écraser starbucks. » « starbucks ? oh, c'est une fourmi à côté de moi – mais si, tu sais, moi je suis l'enfant avec la loupe. et puis, niveau ambition, ça c'est clair, j'en ai toujours eu, d'ailleurs : comment crois-tu que j'ai décroché le rôle de roméo ? »
Jesper eut un léger sourire. Autant Masha n'aimait pas vivre dans le passé, autant cela ne dérangeait pas Jesper. Celui-ci aimait à ressasser des souvenirs quand ceux-ci étaient bons ; alors, bien évidemment, quand il s'agissait de catastrophes naturelles, disputes familiales, problèmes financiers, là, vous pourrez toujours chercher à engager la conversation, le jeune homme, de son côté, fera toujours semblant de ne rien comprendre. Heureusement que sa relation avec Masha n'avait rien de tout cela : ç'avait simplement été la plus belle histoire d'amour de sa vie.
« chouette caverne, en tout cas, ce sont des vrais ? » « hein ? euh, oui – mais ils ne sont pas à moi. je vis en coloc'. »
Pourquoi il s'était senti obligé de préciser cela ? Pourquoi ne s'était-il pas contenté de hocher la tête et de dire « oui, oui » ? Parce qu'il voulait retarder le plus possible le départ de Masha. Effectivement, il n'y avait pas de réelle raison à sa présence, et s'il ne trouvait pas rapidement un sujet de conversation, elle croirait peut-être que ça n'était que pour lui faire goûter son café. Ou que pour l'attirer dans son appartement. Ça craint. Trouver quelque chose à dire. Crise d'angoisse. Mais Masha s'en chargea :
« je suis désolée pour tout à l'heure, je me suis emportée sans aucune raison. »
Han. Jesper en resta cloué. Lui qui s'était dit qu'elle ne voudrait jamais reparler de tout à l'heure, elle le faisait. Non, mieux : elle s'excusait. Il aurait eu envie de lui sauter dessus et de l'embrasser, comme dans les films d'amour, mais il se retint, car il savait que les passions de ces films duraient peu et finissaient mal, alors que lui, pour une fois, la seule fois, d'ailleurs, avait envie que ça dure longtemps et que ça finisse bien. Alors il se contenta d'inspirer une très, très grande bouffée d'oxygène, et de répondre dans un langage normal de la voix la plus posée qu'il pouvait donner.
« c'est moi qui dois m'excuser ; j'ai juste – j'ai juste - »
Mais pu – rée de langue de mer – credi qui ne faisait que fourcher comme si elle voulait séparer les deux amoureux. Roméo & Juliette finissent ensemble, bande de cré – tois, donc je vous le dis, ça ne se passera pas comme ça. Inspirer, expirer. Et essayer à nouveau.
« j'ai juste peur. »
Les anges qui entouraient Jesper de leur aura angélique – logique – commencèrent à l'applaudir, bien que, comme toute chose céleste, le bruit ne fût pas perceptible par les êtres présents dans la pièce (heureusement, d'ailleurs, parce que sinon, direction le Saint Anne londonien). Ils se mirent à regarder Jesper et Masha d'un oeil énamouré, ne doutant plus, de même que tout lecteur un minimum attentif, d'une suite heureuse des évènements. Jesper posa le livre sur le comptoir, contourna celui-ci et vint s'appuyer sur le tabouret de la demoiselle. Un sourire nouveau s'était posé sur ses lèvres, un sourire traduisant un peu les battements de son coeur, si rapides qu'il n'y croyait à peine. Il prit la main de son interlocutrice et la posa contre son coeur.
« tu vois ? lui aussi il a peur. mais c'est pas si désagréable que ça, finalement. » | |
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| Sujet: Re: drôle de dames. {masha} Mar 5 Aoû - 12:38 | |
| La curiosité est un vilain défaut. Cette phrase toute faite était parvenue de – trop – nombreuses fois dans le creux de ses oreilles. Provoquant ainsi l'inverse de l'attitude souhaitée, au lieu de se calmer, elle préférait franchir les limites imposées. Sa manière à elle de braver le risque, avec de bonnes ou mauvaises surprises à la clé. Il en aurait été de même si elle avait osé demander l'identité des colocataires de Jesper, dans le doute, elle préféra s'abstenir. Elle cessa d'observer le décor de la pièce, reprenant place sur le tabouret initial et reporta son attention sur Jesper, l'imprenable. Jesper, l'indomptable. Jesper, l'incontrôlable. Jesper, le magnifique. Jesper, le seul. Jesper. Jesper. Jesper.
« j'ai juste peur. »
Masha manqua de s'étouffer, avec la gorgée de café qu'elle venait tout juste d'avaler. Surprise par une telle déclaration. Son opinion à propos de la gente masculine se retrouvait sans dessus, sans dessous. Cette déclaration remettait tout en question, elle modernisait également la vision qu'avait l'anglaise du mâle dans toute sa splendeur. Elle préféra garder ça pour elle. Prononcer, et penser, cette phrase avait du demander beaucoup de courage pour le jeune homme et elle refusait de jouer le rôle du bourreau du coeur. Elle évita ainsi de lui rire à la figure, ou toutes autres réactions qui auraient pu le mettre mal à l'aise. Il s'était rapprochait d'elle et venait de saisir sa main, posée à présent sur sa poitrine, à quelques mètres près de l'emplacement de son coeur. Le regard de l'anglaise s'était nettement radouci, sourire en coin. L'expression qu'elle avait affiché ne cachait rien de l'émotion ressentie. Celle d'avoir – enfin – trouvé ce qu'il lui manquait pour être une femme comblée.
« tu vois ? lui aussi il a peur. mais c'est pas si désagréable que ça, finalement. »
Il était rare de ne pas voir Masha répliquer dans la seconde. Verbalement j'entends. Surprise, elle ne trouva rien à répondre. Peut-être que les dernières paroles de Jesper l'avait encore plus bouleversé qu'elle ne le pensait. Elle mettait ça sur le compte de la conjugaison utilisé. Du présent. Ce n'était qu'un détail mais tout portait à croire que la romance entre le néo-Roméo et la néo-Juliette venait tout juste de recommencer. Premier acte, première scène. Un sourire timide s'afficha sur son visage de poupée en porcelaine, n'ayant toujours pas trouvé les mots adéquates.
Au lieu de parler avec des mots, elle opta pour le « langage corporel » - si on peut appeler ça de cette façon. L'anglaise attira Jesper vers elle, passant ses deux bras autour de son cou, et ses lèvres ne tardèrent pas à trouver celles du jeune homme, un exquis mélange de douceur et de fougue comme pour traduire son envie et son empressement de rattraper le temps perdu. Elle mit fin à ce baiser, jetant un coup d'oeil à l'horloge suspendue à un des murs de la cuisine. Elle réprima – à moitié – une moue contrariée, réalisant qu'elle devait se rendrer à l'université d'ici une quinzaine de minutes. Elle exerça une légère pression contre la poitrine de son amouuuur de jeunesse revenu des fins fonds de Londres à l'aide de ses mains avant de se détacher complètement. Elle descendit de son perchoir et s'empara de son sac placé non loin de là. Son regard enfantin se tourna finalement sur le jeune homme qu'elle venait tout juste de délaisser.
« Je suis vraiment désolée mais le devoir, ou plutôt la fac, m'appelle » déclara-t-elle sur un ton de complainte – même si l'université était une de ses raisons de vivre – accompagné d'un regard rieur. Etrange contraste que voilà. « ... Mais j'ai une place pour toi dans mon emploi du temps de ministre. Ce soir, vingt heures. Je t'appelle pour confirmer l'endroit, ça te va ? » s'enquit-elle, plein d'entrain. Elle lui vola un dernier baiser et prit rapidement la direction de la porte. Adieu l'amie. | |
| | | Jesper Mac Leold
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Suivi de votre personnage Occupation: Serveur au The World’s End A déjà...: I Wanna Be Your Dog: (70/100)
| Sujet: Re: drôle de dames. {masha} Sam 9 Aoû - 14:40 | |
| Je vais essayer, modestement, de vous expliquer l’effet du baiser de Masha sur Jesper. J’aurais pu comparer cela à une explosion nucléaire, mais ça laisserait encore la chose un peu dans l’abstrait – sachant que peu de vous, à mon avis, ont vécu une telle expérience – alors je vais préférer à cela un feu d’artifices (vous en avez forcément vu un dans votre vie, bordel de bon dieu !). Il y a d’abord les petites explosions, minables à côté de ce qui va survenir, mais déjà magnifiques quand on considère l’effet sur les yeux, sur le cœur, sur le corps. Et puis, il y a une accélération, plus de bruit, plus d’émotion. Maintenant, concentrez-vous, fermez-les yeux même, si c’est nécessaire, et souvenez-vous du bouquet final. C’est un ensemble d’éclats plus sublimes les uns que les autres : voilà ce qu’était le baiser de Masha. Alors vous comprenez sûrement le sourire de Jesper une fois qu’ils s’étaient détachés, lentement, suavement. Roméo et Juliette, le retour.
Elle s’éloigna ensuite, de manière si brusque à ses yeux, et pourtant si posée dans la réalité, que Jesper en resta interloqué. Avait-elle changé d’avis ? Si vite ? Voulait-elle le tester ? Ou peut-être même le ridiculiser ? Pourquoi désertait-elle sans un seul mot ? Mais heureusement la demoiselle se tourna rapidement vers lui avant de lâcher les mots qui allaient le rendre à nouveau heureux, calme, tranquille. Elle n’allait qu’à la fac – quoique cela fût un grand mot. Cela fit réaliser à Jesper qu’il savait bien peu de choses sur elle, ce sur quoi il se rattraperait le soir-même à vingt heures, là où elle l’aurait décidé. Il devait attendre son appel. Attendre ? Voilà un mot que Jesper haïssait. Surtout que lui n’avait rien à faire pour occuper sa journée.
« à tout à l’heure, alors. »
Et un dernier baiser, furtif mais prometteur. Leur soirée allait être sublime. Peut-être que la nuit allait l’être également, mais cela dépendrait uniquement de Masha, car peut-être qu’après tant d’années de silence, elle voudrait se venger, même par de petits gestes, comme par une attente qu’elle lui ferait subir. Oh, ne craignez rien, la braguette du monsieur reste fermée tant que la madame n’a pas acquiescé : Jesper aurait trop peur de la perdre pour se risquer à cela. Drôle de cœur qui battait. Drôle de sentiment qui l’emplissait. Drôle de dames, avant. Drôle de dame, maintenant. | |
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