Breaking Dawn
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Breaking Dawn

Vous sentez vous surveillés, chers agneaux ? Ne sombrez pas dans une crise de paranoïa, par pitié, ce serait gâcher notre jeu. N'ayez crainte, nous ferons attention à tout ce qui tombera dans nos innocentes oreilles... Ou pas.
 
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 La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]

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Heidi Nicolaevitch

Heidi Nicolaevitch


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MessageSujet: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptyVen 22 Aoû - 0:56

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    Son reflet était déformé dans ses escarpins hors de prix rouges vernis. Il n'empêche que ça l'amusait. De toutes manières, un simple caillou aurait amusé Heidi. Dans la situation présente, elle avait une excuse valable, il fallait bien qu'elle s'occupe le temps que Vitaly atteigne la porte d'entrée et lui ouvre. Les derniers messages qu'il lui avait envoyé avaient titillé sa curiosité. "Type louche", "plan foireux", il y avait de quoi être intriguée et emballée surtout. Ni une, ni deux, elle avait enfilé une petite robe jaune canari, avait décommandé ce dîner guindé avec Maximilien et toute la clique et s'était apprêtée à sortir. Seulement elle s'était souvenue qu'il était très vilain de se présenter chez quelqu'un les mains vides. Elle s'était alors introduite dans la cuisine impeccablement rangée des Nicolaevitch et avait fait tous les placards en quête d'un joli présent. Quelques minutes plus tard, elle se retrouvait à l'extérieur du château, une bouteille de whisky cinquante ans d'âge à la main, appartenant surement à leur très chère grand-mère. Rien n'était trop beau pour son cousin.

    La jeune femme avait appelé un taxi, toujours aux frais de son illustre ancêtre et il l'avait conduit jusqu'à Regent Street, devant l'appartement de Vitaly. Maintenant, elle se trouvait devant sa porte, pas gênée pour un sou d'avoir l'allure d'une ivrogne. Non, elle attendait patiemment, admirant un semblant de reflet dans ses chaussures vernies. De toutes façons, elle commençait à le connaitre : Vitaly avait besoin d'un peu de temps pour réagir, même à de simples coups sur une porte. Lorsqu'il lui ouvrit enfin la porte de sa tanière, elle avait toujours le regard fixé sur ses pieds, légerement souriante. La jeune femme finit par relever la tête et passa devant lui en lui tendant la bouteille.

    - Cadeau. Tu devrais penser à faire repeindre ta porte. Rouge vermillon peut-être.

    Heidi sourit en entrant. Elle aimait bien cet endroit. Peut-être parce que si cela avait été son appartement, elle l'aurait décoré de la même manière. Elle ôta sa veste et s'asseya en tailleur sur son canapé. A vrai dire, elle se sentait un peu chez elle ici, plaise ou non à son cousin. Il avait été mystérieux au téléphone, Heidi devait avouer qu'elle était curieuse de savoir de quoi il retournait. Elle leva les yeux vers lui et se mit à sourire.

    - Tu sais ce que tu devrais faire ? dit-elle en manquant une pause, un peu comme pour faire durer le suspense. Poser cette bouteille sur le bar. Mettre un bon disque pour l'ambiance. Reprendre la bouteille. Nous servir deux verres. Et pour finir, venir t'asseoir et mettre fin à ce supplice en me racontant tout en détail.

    Elle esperait qu'il y aurait de l'action, de l'aventure et une pointe d'absurde. En même temps, venant de lui, elle ne pensait pas être déçue. Il avait toujours des idées assez suicidaires pour lui plaire. Après tout, dans le vaste domaine de l'imagination fertile, ces deux compères n'avaient pas leur pareil pour se distinguer.
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Vitaly L. Nicolaevitch
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MessageSujet: Re: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptyVen 22 Aoû - 18:18

A peine le téléphone raccroché, Vitaly se précipitait dans sa chambre et se jetait sur son lit, afin de se "reposer" comme il le disait si bien. Dans son langage, se "reposer" avait quelques connotations plus ou moins illicites. Vous comprendrez sa définition personnelle du mot quand vous le verrez préparer et tirer rêveusement sur le joint qu'il avait à la main. Dévergondé, non pas vraiment, il considérait l'herbe plutôt comme un.. remède miracle ? Il se foutait de qui, en faisant une telle déclaration ? De lui-même sans doute, depuis quand il avait besoin de se justifier de toute manière. Ouais, ouais, Vitaly était un mec comme ça, un true rebelle dans l'âme.

S'amusant et bien trop concentré à former des cercles avec la fumée tout droit sortie de sa bouche, il lui fallut quelques minutes avant de réaliser que quelqu'un frapper à la porte, et trente secondes supplémentaires pour comprendre qu'il s'agissait de sa porte. Il regarda quelques instants le réveil poser sur sa table de nuit, constatant - avec effroi - que trois quarts d'heure avaient défilé depuis le début de son excursion dans la quatrième dimension, rien que ça. En toute logique, Heidi était en train d'attendre qu'il lui ouvre. Se pressant légèrement, il enfila le premier jean qui lui tomba sous la main et un t-shirt quelconque, devenu étrangement délavé avec le temps. Il se précipita hors de sa chambre, n'oubliant pas d'ouvrir la fenêtre afin de ne pas dormir dans un endroit aromatisé, pour aller ouvrir à sa chère cousine. A croire qu'elle n'avait vraiment rien à faire dans le château familiale pour être aussi rapide. Il la trouva sur le palier, occupée à regarder ses chaussures avant de lui tendre une bouteille de whisky. Sourcils froncés mais sourire béat, le russe accueillit chaleureusement cette offrande dans ses bras.

« Rouge vermillon, j'y penserai, pas sûr que Jesper soit d'accord, et les voisins non plus » Drôle de salutation, ce sont des Nicolaevitch après tout, ils avaient été élevé par la tendre Anita, ça expliquait tout. Tout. Les yeux de Vitaly se reposèrent sur le merveilleux cadeau, qui allait certainement influencer le reste de la soirée. « C'est bien aimable à vous » fit-il en guise de remerciement, avant de grimacer légèrement. « Tout ce que je peux vous offrir, ce sont des verres, ou mon corps » ajouta le jeune homme, repoussant la porte de son appartement après qu'Heidi soit entrée. Humour douteux et lourd, je vous l'accorde. « Ou bien ce cadeau de Dieu qu'on appelle weed dans l'intimité » proposa-t-il alors qu'il se dirigeait vers le minuscule mais bien fourni bar qu'il avait aménagé avec l'aide de son colocataire. Leur petit plaisir pendant les soirées de solitude, ou pas d'ailleurs.

Il posa la bouteille sur le comptoir, s'abaissant pour chercher des verres convenables. Selon une de ses devises, le whisky ne pouvait pas se boire dans des coupes de champagne, c'était malsain. « Je t'écoute » dit-il, sentant qu'Heidi avait quelques conseils à donner. Il n'allait tout de même pas provoquer la frustration de sa cousine. A en juger par son discours, le récent coup de fil de Vitaly avait réussi à attiser sa curiosité et ce n'était même pas surprenant. Le jeune homme se redressa, ravi d'avoir mis la main sur ce qu'il voulait. Il posa deux verres sur la surface plane et versa une généreuse dose d'alcool dans le fond. « Tu me permets de nous servir AVANT de mettre le disque ? » demanda-t-il, sans réellement s'occuper de la réponse puisqu'il avait déjà posé les deux verres ET la bouteille sur la table basse, juste devant Heidi qui était installée sur le canapé. Il s'approcha alors de la platine tourne-disque et la mit en route. « Velvet Underground, mais sans Nico hein, Bob Dylan est séquestré dans les cartons - pas - encore - déballés. »

« Tu trépignes hein, imagine que tu sois venue pour rien » fit-il en arquant un sourcil, se donnant ainsi l'air du type qui sait tout mais qui ne veut rien dire. Il s'empara de son verre, ménageant son effet, tandis qu'Heidi était visiblement impatiente du plan foireux dont on lui avait parlé. Il avala une gorgée du breuvage, grimaçant légèrement, il avait beau en boire, le goût du whisky le surprenait à chaque fois. « Je ne sais pas grand chose en vérité, un mec assez louche est venu me parler alors que je rangeais le présentoir de.. rock psycéhdélique trop underground pour notre époque, et il m'a dit que j'avais une bonne tête et qu'il aimait les Brian Jonestown Massacre.. Enfin, j'ai pas bien compris le truc.. Ou le rapport.. » expliqua Vitaly, plissant les yeux, essayant de se rappeler d'autres détails qu'ils seraient intéressants d'ajouter mais rien à faire, ses souvenirs s'arrêtaient ici. « .. Et avant de repartir du magasin, il me tend son tas de vinyles pour que j'encaisse tu vois, et là il me tend un misérable bout de papier en murmurant un "va voir El Tony, il aura quelque chose pour toi".. » Et dire qu'il avait horreur de discourir longtemps... Voilà une magnifique tirade qui se terminait enfin. Nerveusement, il fouilla dans sa poche et en sortit ledit bout de papier où était inscrit une adresse. « Mais le plus bizarre, c'est l'adresse, j'ai cherché et ça nous mène tout droit à la Kensington Central Library, tu sais la bibliothèque où nous amenait Anita le mercredi après-midi. »

« Ah, et il paraît que l'El Tony vit dans une cave. Et que c'est le numéro un dans le domaine, mais me demande pas quelle domaine, le type louche n'a rien précisé..» Ajouta-t-il, prenant une nouvelle gorgée de whisky. Oui, ça sentait le coup foireux mais ce El Tony l'intriguait. Il posa alors son regard sur sa cousine, essayant de deviner ce qu'elle pensait de ce plan abracadabrant.
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Heidi Nicolaevitch

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MessageSujet: Re: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptyVen 22 Aoû - 20:52


    Lorsque son cousin lui ouvrit enfin la porte, Heidi comprit immédiatement pourquoi il avait mit autant de temps. Son cher cousin et son penchant pour les substances illicites ... Quoi que la jeune femme était plutôt mal placée pour juger, sa bouteille de whisky à la main. Elle ignora les tous petits yeux de Vitaly et lui tendit la bouteille. Sa remarque la fit sourire. Elle ne savait pas pour les voisins, mais Jesper ne serait surement pas contre le vermillon s'il savait que cette idée venait d'elle. Enfin, c'était une simple supposition de sa part bien sûr. La jeune femme alla s'installer confortablement dans le canapé tout en regardant son cousin perché suivre plus ou moins correctement ses indications. Un petit sourire moqueur se dessina sur ses lèvres. Décidemment, Vitaly était accro à ses fameuses plaisanteries incestueuses. Elle devait avouer que cela l'amusait également.

    - Alors dans ces conditions, je prendrais les verres. Ou la weed. Ou les deux. Laisse ton corps au placard, tu seras mignon.

    Heidi jeta un coup d'oeil autour d'elle. Il y avait des jours où elle se disait qu'il fallait qu'elle prenne un appartement elle aussi dans lequel elle pourrait bruler du caoutchouc sans se faire réprimander par leur vieille gouvernante. Mais d'un autre côté, aussi lugubre soit-il, le château présentait plus d'un attrait. D'abord, il y avait Adriel qui était un personnage divertissant. Ensuite il y avait les bouteilles de Grand-mère Nico. Et enfin, l'immense grenier qu'Heidi aimait enfumer la nuit. Entre l'indépendance et les petits plaisirs puérils, son coeur balançait. Peut-être pouvait-elle trouver un studio avec grenier sur Piccadilly ? Enfin, là n'était pas la question puisque pour l'heure, elle squattait le canapé de son cousin. Celui-là même qui venait de mettre un bon disque pour l'ambiance, comme elle le lui avait demandé et qui essayait de maintenir le suspense sur ce fameux plan.

    - Quoi ? Je serais venue pour rien ? Ce serait genre un piège pour me séquestrer ici et m'abuser sexuellement ? Je te savais lubrique mais pas autant ... En plus, tu ne peux pas me faire ça, j'ai enfilé ma tenue spéciale mission discrète ! dit-elle en arborant fièrement sa robe plus que jaune.

    Vitaly finit enfin par la rejoindre et s'expliqua en grimaçant, à cause du whisky. Heidi écouta son petit récit tout en buvant son verre relativement corsé. Elle se mit à sourire : elle aurait bien aimé rencontré ce type, il semblait attrayant d'après lui. Son visage mutin s'illumina. En effet, ça avait l'air marrant et étrange et tout et tout ... La plupart des jeunes filles normales l'auraient traité de fou, d'inconscient doublé de débile congénital mais il ne fallait pas oublier qu'il s'agissait d'Heidi, une jeune fille d'accord, mais tout sauf normale.

    - Donc si je résume ... On irait voir un gangster dealer de crack planqué au fin fond d'une librairie poussérieuse et ce cher monsieur aurait quelque chose pour nous ? dit-elle, affichant une expression genre gamine de cinq ans à qui on propose une sucette à la fraise de trois mètres et demi.

    Elle avala la dernière gorgée de son verre d'un trait en grimaçant à son tour et leur resservit deux verres. Après tout, c'était injuste, Vitaly était déjà dans la treizième dimension. Elle avait droit de s'amuser un peu aussi. Elle ne savait pas ce que son cousin avait prévu. Est-ce qu'il l'avait juste invitée ce soir-là pour lui en parler et y aller plus tard ou avait-il décidé qu'ils s'y rendraient ce soir-même, raides défoncés ? Heidi ôta sa veste et fouilla dans son sac à la recherche de son précieux paquet de gauloises. Elle en tendit une à son drogué de cousin et porta le petit cylindre à sa bouche tout en lui jetant un regard de défi.

    - Ca me branche à fond, mais ça tu le sais déjà, dit-elle, tout sourire.
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Vitaly L. Nicolaevitch
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MessageSujet: Re: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptyDim 31 Aoû - 19:23

Regardez cette jeunesse : droguée, alcoolique, léthargique. Si Mamie Nico voyait la vitesse à laquelle sa vieille bouteille de whisky descend, elle s'arracherait sans aucun doute tous les cheveux qui ornent sa perruque. Sans oublier que ses yeux sortiraient de ses orbites en voyant ses deux petits enfants indignes, et perdrait son dentier en essayant de leur mordre les chevilles - "pour les punir". Anita la gouvernante déboulerait dans l'appartement, un rouleau de pâtisserie à la main, frapperait les deux coupables, aussi innocents soient-ils, et les enverrait au coin. Et pour que cette sentence soit des plus terribles, elle les obligerait à se mettre à genoux, un dictionnaire en équilibre dans chaque main. Les Nicolaevitch étaient dingues, et sans s'en cacher, Vitaly se demandait souvent pourquoi Heidi ne se tirait pas de la demeure familiale - comme il l'avait quelques mois auparavant - pour enfin avoir une vie de junkie aussi saine que possible. Adriel était peut-être la raison de ce choix masochiste, mais dans ce cas Heidi l'était elle-même - masochiste j'entends - même si elle se donnait une image de terreur sadique.

« Arrête tu vas me vexer » répliqua-t-il, faisant allusion à ce pauvre corps d'Apollon qui se retrouverait bientôt dans un placard lugubre, afin d'éviter trop de plaisanteries douteuses et lourdes. « J'irai la chercher après, quand cette terrible bouteille maudite sera descendue. Ce serait inconscient de ma part de mélanger alcool et drogue tu vois » s'enquit Vitaly, sourire jusqu'aux oreilles. Ce qui, entre nous, le rendait encore moins convaincant. Non seulement ce qu'il venait de dire était erroné, mais il prenait un malin plaisir à débiter toute sorte de connerie qui aurait pu mettre sa dignité en péril si seulement il en avait eu. Le russe but la dernière gorgée de son verre et le reposa sur la table, observant délibérément la tenue d'Heidi - d'un très mauvais œil. « Si j'étais à ta place, j'aurais plutôt enfilé une robe vert fluo phosphorescent, c'est plus passe partout je crois » fit-il en toisant sa cousine, en étouffant un léger rire.

Encore une fois, le whisky coula à flot alors que nos deux compères digéraient l'information que Vitaly venait de formuler. Dès qu'il y avait un type louche dans un rayon de quinze kilomètres, c'était toujours pour lui. Heureusement, ça ne lui posait pas de problème. Il pouvait se vanter de ne jamais s'ennuyer et de jamais avoir une journée similaire à une autre. Heidi reprit la parole, résumant la situation en quelques mots alors que le jeune homme buvait cul sec le verre qu'elle venait de lui servir. Il hocha la tête, acceptant par la même occasion la cigarette que lui tendait sa cousine. « Soit tu acceptais, soit tu terminais empaler sur un parapluie de toute manière » répondit-il en levant un pouce en l'air en souriant, étrange contraste avec la menace qu'il venait d'émettre. Il tripota sa poche de jean et y trouva un briquet. « Content de voir que tu n'es pas une poule mouillée. Depuis un certain temps, j'avais quelques doutes » ajouta-t-il, simplement pour la taquiner, avec cet air exaspéré qui ne lui irait jamais. « Quoi qu'il en soit... » commença Vitaly en remplissant une nouvelle fois les deux verres, un peu plus que la norme l'imposait d'ailleurs. « ... J'espère que c'est un chimiste fou qui essaye de fabriquer du LSD à partir de la formule originale » Bon, d'accord, Vitaly n'avait jamais testé l'acide et le redoutait, mais il trouvait ça excitant de franchir les mêmes portes et de marcher sur les pas que Jim Morrison, Jimi Hendrix et tous les autres.

Son regard se posa une nouvelle fois sur la bouteille, déjà à moitié vide. A eux deux, ils avaient une très bonne descente et ce n'était pas étonnant. Le russe se leva d'un bond, recrachant une bouffée de fumée, et écrasa le reste de sa clope dans le cendrier posé que la table basse. Il fila en direction de chambre et refit rapidement son apparition dans la pièce principale, une petite boîte métallique entre les mains, son saint Graal personnel puisqu'il y mettait quelques joints roulés par ses soins. Il la plaça sur la table et s'empara de son verre de whisky, le portant à sa bouche. « Chose promise, chose due » lança-t-il, l'air avide.
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Heidi Nicolaevitch

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MessageSujet: Re: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptyDim 31 Aoû - 20:49


    La remarque de Vitaly fit sourire Heidi. Comme s'il se souciait de ça. Ce genre de phrase sonnait vraiment faux, surtout lorsque de fameuses soirées lui revenaient à l'esprit où mélanger drogues et alcool ne leur posait absolument aucun problème. Elle fit semblant d'acquiescer essayant de prendre un air sérieux. De toutes manières, ils pouvaient très bien attendre que cette bouteille soit vidée, cela ne prendrait pas beaucoup de temps à la vitesse à laquelle ils l'engloutissaient. "Inconscients", c'était l'adjectif parfait pour qualifier ces deux-là. Ils étaient généralement prêts à faire nimporte quoi d'un peu marrant, peu importe les risques de finir au poste de police ou six pieds sous terre. De toutes manières, Heidi avait prévu de mourir jeune pour entrer dans l'histoire aux côtés de Jim Morisson, Janis Joplin et de Jimi Hendrix, comme la fille la plus insupportable de l'histoire de l'humanité. C'était un but louable ou pas. Heidi s'en fichait comme du reste. Pour l'heure elle descendait une bouteille de whisky avec son cousin préféré et ça lui convenait parfaitement.

    - Oh ouais une robe vert fluo phosphorescent .. dit-elle d'une voix trainante, s'imaginant déjà dans un trésor de la sorte.

    Elle vida son verre d'un traite, sentant déjà sa tête tourner. Rien d'étonnant à cela. Dans quelques temps elle allait se retrouver dans un de ses états préférés autrement dit l'ivresse. Elle tira sur sa cigarette tout en tendant une autre à Vitaly. Elle l'écoutait dire tout un tas de conneries tout en faisant de jolis ronds avec la fumée. Elle aurait aimé pouvoir faire un bâteau comme dans le Seigneur des Anneaux mais cela semblait être une entreprise perdue d'avance. Elle se retourna alors vers son cousin en souriant.

    - Oh nan pas le parapluie ! dit-elle en prenant un air effrayé peu convaincant. Arrête, tu trouveras jamais moins poule mouillée que moi. C'est pour ça que j'te fascine pas vrai ? dit-elle en se mordant la lèvre inférieure avant d'éclater de rire.

    Heidi en était maintenant convaincue, ils étaient bien partis pour y aller ce soir voir ce fameux El Tony. Sur quel malade allaient-ils encore tombés ? Ils en avaient déjà croisés plus d'un et à chaque fois c'était un bonheur intense. Vitaly fondait déjà d'immenses espoirs de drogué et Heidi devait avouer que ce serait surement amusant. Ou peut-être était-ce juste un bibliothéquofile habitué à faire des choses malsaines et vulgaires avec les encyclopédies en treize volumes ? Amusant aussi. Elle fut tirée de ses pensées lorsque son cousin s'eclipsa un instant puis revint avec une jolie petite boite qu'elle connaissait très bien. Heidi s'empara du petit trésor et en sortit un joli joint qu'elle porta à ses lèvres en questionnant Vitaly des yeux, genre "Je peux le craquer s'il te plait mon cousin chéri ?" puis l'alluma. Elle tira quelques lattes, visiblement hautement satisfaite et tendit la précieuse substance illicite à son cousin puis vida une nouvelle fois son verre. Les jeunes et leur manie de se foutre en l'air ...

    - Je ne voudrai pas te faire plaisir mais j'avoue que tu gères, dit-elle entre deux crises de rire compulsif à la vue des tout petits yeux de son cher cousin.

    Elle déposa une bise sur sa joue et se releva pour monter le son de la chaine, plaise ou non aux voisins. Son verre à la main, la pièce enfumée et les Velvet à plein régime, elle se sentait bien. Elle avait bien fait de quitter l'austérité du chateau et de venir le rejoindre. Surtout que la soirée ne faisait que commencer et que le meilleur était à venir.
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Vitaly L. Nicolaevitch
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MessageSujet: Re: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptyMar 2 Sep - 15:37

Se foutre en l'air, Vitaly n'avait jamais été contre cette idée. Il ne demandait pas non plus l'anarchie mais pouvoir consommer tranquillement et sans courir de risque de l'herbe ou toutes autres substances illicites serait un petit pas pour l'homme mais un grand pas pour l'humanité. Au même titre que le premier pas sur la lune, évidement. Le regard dans le vide, le russe terminait une nouvelle fois son verre, écoutant avec plus d'attention qu'on aurait pu le croire There She Goes Again. Le Velvet Underground avait envahi la pièce, à l'atmosphère électrique à l'image du groupe et de la beauté froide de cette chère Nico - la femme qui aurait du lui être prédestinée, sauf si Kate Moss prenait part à la compétition. « Si tu me fascines ? » répéta-t-il, fronçant les sourcils avec une moue concentrée à la limite du ridicule. Il haussa les épaules, affichant un sourire mystérieux, se donnant l'air d'un type énigmatique impossible à comprendre. « Peut-être bien, mais ce n'est pas moi qui est venu frapper à ta porte en courant » se justifia-t-il en dévissant une nouvelle fois le bouchon de la bouteille avant d'en verser le contenu dans chacun des verres. Il se sentait partir et pourtant, il ne comptait pas laisser une goutte de whisky. Autant assumer et aller jusqu'au bout d'une mission beuverie.

Il lui fallut quelques instants avant de comprendre qu'Heidi s'était presque jetée sur la boîte qu'il venait de poser sur la table basse. Quelques instants durant lesquels l'odeur si particulière de l'herbe vint lui titiller les narines et la bouche de la jeune femme se colla contre sa joue. Tout sourire, le russe lui passa une main dans les cheveux, essayant de la décoiffer mais la chevelure de sa cousine était bien plus résistante qu'il le pensait. Une ratée pour Vitaly. Il l'observa traverser la pièce tout en tirant quelques lattes sur le joint qu'Heidi avait craqué avant de le reposer au bord du cendrier, profitant du bienfait de la drogue et la sérénité qu'elle lui apportait. La voix de Lou Reed se fit légèrement plus forte et le russe comprit que le volume venait d'être haussé. Son plus proche voisin ne se souciait que rarement des autres occupants du pallier, puisqu'il passait son temps à l'extérieur, à tester son emprise sur la gente féminine certainement. La voix d'Heidi coupa le fil de ses pensées. Il lui lança un regard suspicieux, avant d'afficher un air hautain et stupéfié. « Tu viens juste de le remarquer ? » fit-il, toujours dans son rôle de "fils à papa qui pense être supérieur aux autres". « Je pensais que.. depuis le temps.. Pas vraiment perspicace la fille » s'enquit-il avec un sourire mutin. On y croit tous. Dans l'achat et la consommation des produits provenant du traffic underground, Vitaly avait déjà fait ses preuves depuis longtemps.

« Je sais où trouver ton bonheur » déclara-t-il, totalement hors-sujet. Vitaly était restée sur la robe verte fluo phosphorescent, elle faisait partie des "objets à acquérir et à offrir". Sans attendre plus longtemps, il alla chercher son caban et enfiler ses chaussures. D'un geste mécanique, il entreprit de fourrer dans ses poches ses biens personnels et indispensables qu'étaient ses clés, son portable et son paquet de cigarettes. Il retourna du côté du canapé, attrapant à la volée la main de la pauvre Heidi et la forçant à se lever. Rapidement, il s'empara de la bouteille de whisky. « On a le temps de la finir en route » expliqua-t-il en la fourrant dans les bras de sa cousine alors qu'il tirait une nouvelle fois sur le joint, le gardant entre ses doigts dans la perspective de l'amener avec eux. Jetant un coup d'oeil à la table basse, il hésita quelques instants à prendre la boîte métallique. La raison l'emporte finalement, et me Saint Graal du Junkie finit sa course dans une des poches intérieures du caban. Il observa une dernière fois l'appartement, poussant Heidi vers la porte d'entrée, pour vérifier qu'il n'avait rien oublier. Oui, visiblement, ils s'apprêtaient à sortir, rien que pour la robe - et certainement El Tony dans un deuxième temps. « Direction Camden Town, tu ne pourras plus dire que je ne suis jamais a-ten-tio-né avec TOI » s'exclama-t-il en pouffant à moitié.
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Heidi Nicolaevitch

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MessageSujet: Re: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptyMar 2 Sep - 16:40


    Heidi se mit à sourire, l'air moqueur. Il avait le don de prendre des expressions particulièrement ridicules. Il était vrai qu'elle n'avait pas trainé pour rappliquer mais elle ne s'était pas mise à courir non plus. Évidemment qu'elle avait eu hâte de le voir même si elle ne lui aurait avoué pour rien au monde, de peur de voir apparaitre ce petit air suffisant sur son visage. Entre une soirée débauche avec son cousin et un recueillement sinistre à la demeure Nicolaevitch, il était vrai qu'elle avait réellement hésité, pesant le pour et le contre ... en fait non.

    - Ahah ! Tu as dit "Peut-être bien !" s'écria t-elle, victorieuse. J'suis sure que t'as des posters de moi dans ta chambre. Et puis j'pourrais aussi te balancer dans la tête que c'est toi qui as laissé tous pleins de messages sur mon répondeur, réclamant avidement ma sublime présence, ajouta t-elle tout en modestie.

    Vitaly tenta de décoiffer ses cheveux déjà constamment en bataille, même si, contrairement aux apparences, cela était méthodiquement étudié. La victime se débattit et lui chatouilla les côtes pour le faire lâcher prise avec succès. Le combat fut sanglant et causa de nombreux dommages collatéraux mais Heidi triompha. Elle se releva, son verre à nouveau plein dans la main, histoire de monter un peu le volume et de déambuler sans but précis dans la pièce. Elle jetait des coups d'oeil ici et là : affiches, étagères, post-it, plante verte .. Un joyeux bordel en somme mais qui donnait un certain charme aux lieux. Au château, même si on avait laissé un certain libre arbitre à Heidi concernant la décoration de sa chambre, il lui était interdit de toucher au vieux lit Louis XV, à la tapisserie immonde représentant une sorte d'orgie malsaine et à l'amoire casi préhistorique dont elle avait tout de même vandalisé l'intérieur. Encore un argument qui penchait en faveur de l'indépendance .. La remarque ô combien pertinente de son cousin la sortit de ses pensées.

    - Ca te rend malade que j'sois la seule à savoir qui tu es réellement sous tes airs de dandy frivole désabusé aimant à groupies, pas vrai ? dit-elle en allant se rasseoir et en avalant une énième gorgée.

    Elle l'observa soudain se lever et enfiler frénétiquement sa veste ainsi que ses chaussures. Il avait une idée en tête, c'était certain. Surement aller voir ce El Tony immédiatement. Il prit sa main, l'obligeant à se lever. Il fallut un certain temps à Heidi pour éviter un vertige puis elle se rua dans sa chambre sous le regard interloqué de son cousin. Elle poussa la porte et ouvrit son armoire, en quête d'un de ses fameux pulls en cachemire qu'elle avait vachement envie de porter, là, maintenant. Elle en prit un bleu marine et l'enfila par dessus sa jolie robe jaune. Elle refit son apparition dans le salon, prête à partir.

    - Ca manque de photos de moi là-bas, dit-elle en désignant la chambre du russe, ne craignant aucune représaille quant au vol du précieux cachemire. Et puis je t'ai jamais demandé d'être attentionné. Tu t'es donné cette mission tout seul ? C'est trop mignon ! dit-elle en reprenant sa main.

    Ce soir-là se déroulait un spectacle plutôt intéressant dans les rues de Camden. Deux jeunes gens se promenaient, titubant, main dans main et secoués de crises de fou rire aux origines tordues. Il ne restait plus qu'un fond de whisky dans la bouteille que tenait fermement Heidi dans son autre main. Les deux inconscients se mêlèrent rapidement à la foule constamment présente à Camden, le quartier qui ne dort jamais. Soudain, son cousin stoppa net devant l'air interloqué de sa cousine. Heidi tourna légèrement la tête et fit face à une petite boutique à la façade usée par le temps. Seulement lorsqu'elle réunit tous ses neurones pour se concentrer sur la vitrine, son sourire s'élargit à vue d'oeil. Il y avait là une robe bien trop courte et bien trop vert fluo phosphorescent derrière la vitre. Heidi se retourna, rayonnante et serra son cousin contre elle.

    - Ouais vraiment trop mignon cette mission ! dit-elle en riant.

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Vitaly L. Nicolaevitch
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MessageSujet: Re: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptyMar 2 Sep - 17:20

« Espèce de petite ingrate érotomane » fit-il en levant les sourcils, toujours préoccupé par l'histoire des supposés posters d'Heidi dans sa chambre. « Estime toi heureuse, j'aurai pu accrocher la série de photos où l'on te voit couche-culotte descendue jusqu'aux pieds, biberon à la bouche et assise sur le pot » ajouta Vitaly en se marrant tout seul, tirant une nouvelle fois quelques lattes et en repassant la roulée aux ingrédients exotiques (dirons nous) à Heidi. « Et de toute façon, je suis ton idole, c'est toi la plus entichée, encore quelques années et tu seras à la tête de mon fan-club. Ou celui d'Adriel, au choix ma cocotte » Nouveau sourire moqueur, il ne la laisserait pas avoir le dernier mot. Ce qu'elle faisait également de son côté. Mettez-les ensemble, vous obtiendrez de petits diablotins qu'on ne peut pas tenir en place, rien que ça.

« Un dandy frivole, aimant à groupies » déclara le jeune homme, presque désabusé - réellement. « Tu en as d'autres du même genre ? » demanda-t-il en roulant les yeux. D'accord, son mode de vie n'était pas réellement sain mais il avait quand même une petite amie "fixe". Qu'il avait déjà eu l'occasion de tromper, mais personne ne le savait - mais tout le monde s'en doutait. Franchissant la porte d'entrée de l'appartement, un air amusé s'afficha sur le visage de Vitaly en remarquant SON pull portée par Heidi. « Tu n'as même pas attendu que ma penderie soit en libre service pour te servir, je rêêêêêve » s'exclama-t-il en essayant d'atteindre les aiguës - ce qui était assez difficile quand on est un mâle virile et bien bâti. Très convaincant, Vitaly fut une dinde dans une de ses vies intérieures, c'était certain à présent.

Main dans la main - que c'est meughnon - une brise légère vint à leur rencontre dès qu'ils mirent le pieds dehors. A Londres, il fallait s'y attendre. Néanmoins, nos deux gus n'y prêtèrent pas attention, bien trop échauffés par l'alcool. Les passants - frigides de leur état - les regardaient d'un mauvais œil, certainement en train de médire mentalement sur cette jeunesse, la génération Doherty. Difficile de rater Heidi et Vitaly de toute manière, avec leur démarche maladroite et leurs éclats de rire incessants, ils ne pouvaient qu'être remarqués. « Je te rends service, c'est tout » fit-il en essayant de se défendre - lamentablement, était-il utile que je le précise ? Le russe n'aurait avoué pour rien au monde qu'il se souciait de sa terrible cousine, par peur de passer pour un jeune homme lubrique, prêt à se plier en quatre pour quelqu'un. Le peur de fierté qu'il avait, il voulait absolument la conserver - à condition qu'il en ait encore.

Les distances parassaient toujours plus courtes dès que l'alcool était dans le sang. La bouteille était quasiment vide quand ils arrivèrent sur l'artère principale de Camden Town. D'un geste lent, Vitaly plongea sa main vers le bas et attrapa le whisky, en prit quelques gorgées pour la tendre une nouvelle fois à Heidi. « Tu es bonne pour la finir » déclara-t-il en suivant la trajectoire du regard de la jeune femme... qui menait directement à la vitrine d'un petit magasin où il était difficile de ne pas remarqué l'étrangeté verte phosphorescent. La nouvelle robe d'Heidi avait été trouvée plus vite que prévue. La nouvelle exclamation de sa cousine lui fit percuter la réalité. « Si tu comptes me payer une boîte de croquettes pour chien en échange, je te préviens, je n'aime pas celles à la viande » fit-il en souriant légèrement. Bien décidé à mener cette pseudo mission jusqu'au bout, le russe poussa Heidi vers la porte de la boutique, dans la perspective de la prendre (enfin.. acheter - logiquement) et de se tirer voir El Tony au plus vite. « Capable ou non de partir avec la robe, mais sans payer ? » chuchota-t-il à l'adresse de la jeune femme, sourire en coin, se trouvant vraiment inspiré. Inspiré dans la délinquance oui. Vitaly jaugea rapidement Heidi, la défiant du regard tandis qu'ils entraient dans la boutique. La cloche retentit. L'endroit semblait vide, si ce n'est une vieille femme, de dos, qu'on apercevait quelques mètres plus loin, visiblement dans la réserve.
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MessageSujet: Re: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptyMar 2 Sep - 17:53


    - En échange tu auras mon peigne bleu que tu aimes bien mordiller et ma reconnaissance éternelle. Enfin éternelle ... Compte une semaine quoi.

    Heidi ne pouvait détacher les yeux de la merveilleuse pièce de vêtement qui se tenait à seulement quelques mètres d'elle. C'était sûr, avec ça sur le dos, elle pourrait devenir le maitre du monde, peut-être même de Camden. Parce que oui, Camden c'était le must. C'était en effet un excellent moyen pour elle d'être vue absolument partout et par tous. Discrétion quand tu nous tiens. Soudain elle sentit son cousin la pousser vers la porte et ils entrèrent tous les deux dans la fameuse boutique à la lumière criarde et papier peint de mauvais goût. C'était par-fait. Heidi se retourna vers Vitaly et un sourire malicieux apparut sur ses lèvres lorsqu'il lui lança un énième défi. Elle jeta un coup d'oeil à l'arrière boutique ou une femme d'âge mur semblait s'affairer tranquillement. Il n'y avait pas foule dans le magasin, autant dire pas âme qui vive. En même temps, même en cherchant bien, peu d'individus fréquentaient les boutiques de nuit de Camden à la recherche d'une robe phosphorescente.

    - Putain tu veux vraiment me voir croupir au fond d'une cellule froide et poussérieuse, dit-elle en marquant une pause. Si c'est un fantasme, laisse moi dire que tu es un sale pervers ! ajouta t-elle en faisant une grimace.

    Elle avança tranquillement entre les portants, essayant de repérer le petit bijou de la vitrine. Seulement tout ce qu'elle voyait c'était du bleu lavande et du gris passé. Rien d'extraordinaire. C'était plutôt clair : elle allait devoir s'emparer du modèle exposé à la rue. Jetant un dernier coup d'oeil à la vieille du fond, elle se faufila entre les mannequins auquels elle serra la main au passage puis fit glisser la robe incroyablement legère des épaules d'une jeune femme très pâle. Elle fit signe à son lubrique de cousin de se retourner puis ôta sa petite robe jaune, semblant oublier qu'elle se trouvait derrière une vitrine d'une rue particulièrement fréquentée. Elle enfila sa nouvelle trouvaille en vitesse, jetant des coups d'oeils incessants derrière elle et reposa sa propre robe sur le dos du mannequin. Plutôt contre le vol, sauf quand il s'agissait d'un membre de sa famille, elle préferait les échanges de bons procédés. Elle rejoignit Vitaly qui était resté planté à l'entrée, faisant le gué. Elle lui lança un sourire triomphant, son cachemire à la main.

    - Prêt ? chuchota t-elle. AU VOLEEEUUUUUUUR ! se mit-elle à crier avant d'attraper sa main et de quitter la boutique en trombe sous les sifflets appréciateurs de la plupart des passants qui se trouvaient là.

    Ils s'arrêtèrent quelques rues plus loin, totalement essouflés et morts de rire. Ah et ivres aussi. Il y avait longtemps qu'Heidi n'avait pas enchainé les conneries de la sorte. Cela correspondait en général exactement à ses escapades nocturnes avec Vitaly. Lumineuse à souhait et très verte aussi, Heidi était aux anges. Elle leva les yeux vers son cousin en attente de la suite tout en essayant vainement de reprendre son souffle. Nos deux compères marchaient à l'adrénaline et ce soir, ils étaient plutôt servis surtout qu'ils leur restaient encore bien des aventures à vivre avant le lever du jour.

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Vitaly L. Nicolaevitch
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MessageSujet: Re: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptyMar 2 Sep - 21:47

« Ce n'est pas un fantasme » se défendit Vitaly, toujours la même lueur de défi dans les yeux. « En revanche, je suis un sale pervers, mais je préfère que tu dises lubrique. De ta bouche, ça sonne comme.. Comme un compliment divinement recherché » déclara-t-il, fronçant légèrement les sourcils en lui tapotant l'épaule. « Entre pervers et semi nymphomane, on se comprend pas vrai ? » ajouta le jeune homme, avec un sourire mutin tout en observant l'intérieur de la boutique. D'accord, ils étaient à Camden Town, le quartier des artistes et tout le gratin underground, il ne fallait pas s'attendre à du sol marbré, des dorures dans chaque coin de la pièce, de longs et gracieux rideaux satinés. Rien de tout cela, mais plutôt un papier peint miteux et de mauvais goût, un sol en lino à tâches suspects, des rideaux décolorés et sans oublier la lampe dénudée. « Sympa la déco » murmura-t-il, surtout pour lui même. Heureusement qu'il avait un minimum d'imagination et un sens de l'esthétisme, son appartement aurait pu ressembler à la boutique.

D'ailleurs, la propriétaire du magasin ne semblait pas les avoir remarquer, malgré le rugissement de la clochette au dessus de la porte d'entrée qui avait manqué de leur déchirer les tympans quelques secondes auparavant. Le russe n'avait pas bougé d'un centimètre, observant Heidi en pleine réflexion - à croire que l'alcool avait quelques effets secondaires sur son esprit habituellement vif, trop vif même. Puis d'un coup, la bête noire d'Adriel entra en action, se précipitant vers la vitrine, certainement avec l'idée d'arracher la robe et de l'embarquer. Perdu Vitaly, Heidi semblait bien plus honnête que ça. Elle lui fit signe de se retourner, il obéit, intrigué par une telle méthode. Il mit plusieurs secondes avant de comprendre qu'elle échangeait simplement sa tenue, exposant quelques centimètres de peau aux passants. De son côté, le jeune homme se contentait de surveiller la gérante, dans le pire des cas il pouvait toujours broder une excuse bidon.

Fort heureusement, il n'eut jamais l'occasion de dire à la vieille femme qu'il organisait un défilé haute-couture improvisé dans la rue, puisqu'Heidi-la-furie s'était précipitée vers lui, phosphorescente. Inutile de lui faire remarquer qu'elle avait l'air d'une luciole dans cette tenue. Il hocha la tête à la question de sa cousine, redoutant ce qu'elle allait faire. Comme il l'avait prédit silencieusement, ils se tiraient de la boutique en fanfare, provoquant les hurlements hystériques de la vendeuse. Riant aux éclats, zizaguant sur la route, avec l'air de deux allumés bourrés - ce qu'ils étaient entièrement, il ne leur fallut que très peu de temps avant de semer leur ennemie. Reprenant son souffle, Vitaly jeta quelques coups d'oeil aux alentours, essayant de déterminer où est-ce qu'ils se trouvaient avec précision. « Il y a une station de métro » fit-il en pointant du doigt une direction. En effet, il pouvait nettement distinguer le début d'un escalier et à en juger par les allers et retours de nombreuses personnes, le underground londonien passait bien ici. « Allons voir EL TONYYYYY » s'écria le jeune homme, attirant ainsi une dizaine de paires d'yeux - intrigués de leur état. Il se redressa, bombant le torse avec tout la virilité dont il pouvait faire preuve avant de pousser Heidi vers les marches convoitées.

Une fois sous terre, Vitaly se mit en tête de chercher le plan de la ligne, afin de voir quel endroit était desservi. Une fois trouvé, il s'adossa à moitié contre le mur, tapotant du doigt chaque arrêt tout en lisant son nom. Il était très facile de le prendre pour un ivrogne illettré accompagné de sa junkie de copine. Ils avaient de l'allure. Après quelques minutes de réflexions intenses, il releva les yeux vers Heidi, montrant d'un mouvement de main qu'ils pouvaient se mettre en route. Il arrive toujours un moment où les mots ne sont même plus utiles.

« Kensington nous voilààà » s'exclama-t-il, en sautant dans le premier compartiment, Heidi sur ses talons. Leur wagon n'était pas un des plus bondés et quelques places assises étaient encore libres. D'un seul homme, nos deux Nicolaevitch s'effondrèrent sur la banquette, épuisés par leur séance de shopping express. « On aurait du prendre une autre bouteille »maugréa Vitaly, repensant avec envie à la bouteille de scotch qui était resté à sa place, dans le bar. Il avisa le vieillard qui dormait en face d'eux. A en juger par les haillons qu'il portait et l'odeur qu'il dégageait, il avait tout du sans-abri qui fait le tour complet de Londres en métro, un endroit chauffé et paisible. Le regard du russe se posa alors sur sa bouteille de vinasse, emballée avec empressement dans du papier kraft. Oh non, c'était déguelasse, rien que l'idée de lui piquer sa bouteille lui donnait des frissons. Il jeta un coup d'oeil à Heidi, cherchant à voir si elle pensait à la même chose que lui.
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MessageSujet: Re: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptyMer 3 Sep - 1:14

    Nos deux Nicolaevitch tentaient de reprendre leur souffle mais ce n'était pas chose aisée étant donné qu'ils ne pouvaient s'empêcher d'éclater de rire dès qu'ils croisaient le regard de l'autre. Heidi finit par se calmer et questionna son cousin silencieusement, histoire de savoir ce qu'il avait prévu pour la suite des opérations. Il désigna fièrement une station de métro toute proche et y poussa Heidi dans cette direction. La jeune femme manqua de mourir quatre ou cinq fois dans les escaliers et une fois sous terre, elle se laissa glisser contre un mur tandis que Vitaly se concentrait sur les lignes. Elle avait toujours adoré le métro : c'était l'un des endroits où l'on trouvait le plus de gens bizarres, autrement dit, des amis potentiels. Rien que sous ses yeux se baladaient un type et sa femme imaginaire, un gamin qui mangeait ses lacets et un dealer en deveine. Vitaly qui devait avoir enfin trouvé lui fit signe de se lever, ce qu'elle fit avec difficulté et elle le suivit d'un pas décidé mais pas vraiment droit jusque dans le premier compartiment. Petites dames âgées ou pas, nos deux compères s'accaparèrent le bout de banquette restant et s'écroulèrent dessus. Heidi s'accorda une petite pause, la tête calée sur l'épaule de son cher cousin. Quand elle rouvrit les yeux, celui-ci semblait subjugué par l'homme à sa droite, visiblement un malchanceux. Après reflexion, c'était surtout sa bouteille qui le subjuguait. Il se tourna vers Heidi genre "C'est mal, pas vrai ? On peut pas faire ça, hein ? On peut ?". La jeune femme ne pu s'empêcher d'éclater de rire devant la telle absence de moralité qui envahissait actuellement Vitaly. En plus le type venait de s'endormir. Heidi devait avouer qu'elle avait soif elle aussi. Soudain elle fit un clin d'oeil à son cousin qui prenait déjà un air horrifié du genre "Tu veux dire qu'on peut ? Naaannn...". Elle retira délicatement la bouteille des mains du pauvre homme déjà bien entamé, quoique surement moins que ces deux-là, et y glissa à la place un joli billet qu'elle venait de sortir de sa poche.

    - Non au vol. Echange de bons procédés, dit-elle en souriant et en avalant une bonne gorgée de ce qui semblait être une bouteille de rhum extrêmement corsé.

    Alors qu'Heidi essayait de se remettre de cette expérience particulèrement douloureuse, le métro s'immobilisa, arrivé à destination. Ils se levèrent en titubant tout en adressant un signe de la main à l'ivrogne devenu riche, du moins pour une bonne semaine au moins. Reste que la perspective de pouvoir se siffler une nouvelle bouteille avait requinqué nos deux amis qui courraient dans les escaliers à la recherche de l'air pur de Kensington, enfin si on pouvait appeler ça comme ça. Ici on les regardait un peu plus bizarrement qu'à Camden où les individus bizzaroïdes étaient monnaie courante. Il fallait avouer qu'Heidi tout de vert phosphorescent vêtue et Vitaly avec sa bouteille constamment à la verticale formaient un couple original, voir à enfermer de toute urgence.

    - Tu sais Vitaly .. J'espere vraiment qu'il a de l'acide ce .. El machin. Parce que ma robe et moi on se sent psychédéliques ce soir. Et toi aussi d'ailleurs. Passe moi la bouteille, dit-elle avant de boire une nouvelle gorgée et de la lui tendre à nouveau. Et je ne suis pas une semi nymphomane, fit-elle remarquer après au moins une bonne heure. Nymphomane tout court, je n'aime pas quand tu me sous-estime.

    Heidi s'agrippa fermement au bras de son cousin, histoire de ne pas tomber en marchant. Il était vrai que c'était là quelque chose d'extrêmement périlleux : marcher. Quelques minutes plus tard, ils se retrouvèrent tous les deux devant un impressionnant bâtiment dont il fallait genre, admirer l'architecture. Ils y étaient : la fameuse bibliothèque qu'ils connaissaient par cœur à force d'y avoir fait des commandos étant petits.

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MessageSujet: Re: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptyMer 3 Sep - 12:14

Et voilà nos deux Nicolaevitch, titubant dans la rue en direction de la bibliothèque située dans le quartier de Kensington. Quartier qu'ils connaissaient assez bien puisqu'ils y avaient passé de longues années, longeant l'immense avenue pour rentrer de l'école, main dans la main avec Anita. Ce soir-là, la gouvernante s'était métamorphosée en rhum de premier prix. La bouteille du sans abri qu'il avait tout d'abord pris pour de la vinasse imbuvable contenait en réalité de l'alcool blanc et buvable. Le russe avait posé un regard rempli de gratitude sur sa cousine, elle avait recouru à une pénurie de breuvage alcoolisé. Rares étaient les passants osant s'aventurer à une heure aussi tardive, mais les seuls qu'ils croisaient les auraient découpé à la hachette, outrés par une telle allure. Kensington n'avait jamais été reconnu comme un lieu d'artistes ou quoi que ce soit; au contraire même, le conformisme, l'honneur de la famille et la bienséance étaient les seuls mots d'ordre. Etonnant que les Nicolaevitch et les Mac Leold se soient installés ici. « J'ai toujours détester cet endroit » déclara Vitaly, sans aucune raison à l'évidence. Cette phrase tournait dans sa tête depuis qu'ils étaient sortis du métro, il avait eu besoin de la formuler à haute et intelligible voix.

« Ou mieux que du LSD, genre.. un nouveau psychotrope qui n'est pas encore sur le marché » s'enquit le jeune homme, déjà ravi d'avoir été choisi pour devenir un cobaye psychédélique. « On se sentirait un peu comme Ken Kesey en fin de compte, on expérimenterait le fils de l'acide avant tout le monde » chuchota-t-il, les yeux brillants par l'émotion, et surtout par l'alcool. Il passa la bouteille à Heidi, si gentiment demandé, il n'avait pas eu d'autres choix que lui donner. Le rhum avait beau être répugnant, il n'en sentait même plus le goût. Entendant la remarque de sa cousine alors qu'il buvait une nouvelle gorgée, Vitaly manqua de s'étouffer et partit dans une crise de fou rire, impossible à contrôler. Avec un minimum d'imagination, les passants auraient pu le confondre avec une gamine hystérique et hilare. Il eut du mal à reprendre son souffle, marchant avec difficulté, la jeune femme accrochée à son bras.
« HAHAHAHAHA » On avait l'habitude à présent. « Enfin une nymphomane qui s'assume, j'aime » fit-il, relevant la bouteille, en essayant de vider un peu de son contenu dans sa bouche.

Ils étaient finalement arrivés à destination, la bibliothèque était là sous leurs yeux. Elle n'avait pas changé, les ravalements y étaient pour quelque chose. Dans un élan de non-lucidité, Vitaly fut persuadé qu'il suffisait de frapper pour entrer dans la bâtiment. Ni une, ni deux, il entraînait déjà Heidi avec lui, en direction des lourdes portes en bois. Il tendit le bras et donna trois minables frappes contre la surface boisée. Peu de chance qu'on leur ouvre : d'abord il n'y avait plus personne à l'intérieur, et ce n'est certainement pas avec les trois petits coups qu'il venait de donner qu'on l'aurait entendu. Le russe arqua un sourcil en réalisant ce qu'il venait de faire, il soupira, le mélange stupéfiants et alcool venait de lui causer du tort. Fouillant dans sa poche de jean avec sa main libre, il en ressortit le bout de papier qu'il avait montré à Heidi quelques heures auparavant. « On a qu'à faire le tour de la bibliothèque » proposa-t-il, plus ou moins lucide, en posant un regard interrogateur sur la jeune femme. De toute manière, il n'avait rien à perdre et c'était peu probable qu'El Tony soit installé entre le rayon Nature et le rayon Sciences Humaines.

« Ca fait comme dans les films » s'émerveilla-t-il en découvrant quelques rayons de lumière, alors qu'ils étaient dans une petite ruelle située à droite de la Kensignton Library. Un minuscule fenêtre crasseuse et délabrée était au niveau du sol, la seule ouverture d'une pièce qui était au sous-seul de l'établissement. Devaient-ils frapper au carreau afin de prévenir de leur arrivée ? Vitaly resta perplexe quelques instants avant de renoncer, inutile d'effrayer El Tony. De toute manière, ils ne pourraient pas entrer dans son atelier par un si minuscule ouverture. « Il faut qu'on trouve un moyen de.. d'entrer dans la bibliothèque.. je crois » lâcha-t-il à l'adresse d'Heidi, quelques mètres plus loin, qui semblait déjà avoir trouvé un moyen ingénieux pour parvenir à leurs fin, appelez cette étape "La fenêtre ouverte".
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MessageSujet: Re: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptyMer 3 Sep - 14:07


    Les yeux d'Heidi se mirent à briller tandis que Vitaly échafaudait des suppositions abracadabrantes. En effet, ils pourraient être les pionniers de la nouvelle drogue qui envahirait la planète. Ils deviendraient célèbres et adulés et même Pete Doherty serait à ses pieds. Nos deux visionnaires étaient surtout dans la rue, totalement ivres et inconscients. Mais Heidi n'aurait échangé sa place pour rien au monde. Elle avait toujours eu un faible pour l'absurde et porter une robe vert phosphorescent dans le quartier du conformisme atteignait le paroxysme de l'absurde. La jeune femme jeta un coup d'oeil moqueur à son hystérique de cousin qui ne pouvait plus s'arrêter de rire. Ses petites remarques lubriques faisaient toujours leur petit effet.

    Lorsqu'ils se retrouvèrent enfin devant l'énorme bâtiment, Vitaly se précipita vers la porte sous le regard amusé de sa cousine et frappa par trois fois, presque inaudibles. Elle jeta un coup d'oeil à son téléphone : il était près de deux heures du matin. Il était clair qu'ils n'avaient aucune chance de rentrer en toute légalité. Vitaly avait eu l'air de le croire, c'était presque adorable. Il finit par faire demi-tour et sortir le petit bout de papier avec l'adresse voulue et fit une suggestion plus pertinente. Les deux Nicolaevitch s'engagèrent dans une ruelle sombre qui bordait le bâtiment, dans laquelle aucun être sensé tenant à la vie ne se serait aventuré. Le sourire d'Heidi s'élargit lorsqu'elle aperçu un rayon de lumière. Il émanait d'une vielle lucarne poussiéreuse située près du sol. La jeune femme passa son chemin, tentant à la fois de trouver un moyen d'entrer et de conserver une démarche à peu près droite, ce qui n'était pas chose aisée. Soudain, elle du s'arrêter par la force des choses, s'étant cognée contre quelque chose de dur et froid. Elle caressa son genou meurtri puis jeta un coup d'oeil au responsable qui n'était autre qu'un volet mal fermé. Elle entreprit de l'ouvrir et .. halleluhah : une fenêtre ouverte assez large pour les laisser passer.

    - Vitaly chériiiiiiii ! l'appela t-elle d'une petite voix agaçante. Viens-voir qui est la meilleure ! dit-elle en se laissant glisser à l'intérieur.

    Il lui fallut un certain temps pour que ses yeux s'habituent à la pénombre ainsi que pour se rendre compte qu'elle venait de casser le talon de sa chaussure droite. Cela la fit sourire : le talon cassé ou comment adopter une démarche encore plus bizzaroïde que celle de la junkie défoncée. Elle attendit que Vitaly ai finit de s'extasier sur le caractère cinématographique de leur excursion pour commencer à avancer.

    - Evitons de nous perdre .. dit-elle en se mettant à rire, consciente de l'inutilité de ce conseil. Tu sais où on est là ? Bon faut qu'on retrouve l'endroit éclairé. Logiquement ... merde j'ai toujours eu du mal avec la logique. Disons à droite, dit-elle en prenant la main de son cousin histoire de suivre le conseil qu'elle avait édicté quelques instants plus tôt.

    Les deux cousins se mirent en marche, faisant de régulières pauses, histoire de boire, de faire une remarque stupide, de rire ou de s'allonger un instant sur le vieux parquet. La main d'Heidi finit par entrer en contact avec ce qui semblait être une poignée ancestrale, type Louis XVI. La jeune femme était devenue incollable avec son éducation historique si poussée au chateau. Elle tenta de la faire tourner mais la serrure semblait vérouillée. Heidi se laissa glisser contre la lourde porte en soupirant, entrainant inévitablement Vitaly à sa suite. Allaient-ils jamais le voir un jour ce El Tony ? Elle tendit la main pour récupérer la bouteille presque vide et en avala la dernière gorgée puis la laissa tomber. Elle tourna la tête vers son cousin, qu'elle ne voyait absolument pas dans l'obscurité.

    - Dis Vitaly .. Tu crois que plus tard on fera toujours ce genre de choses ? J'veux dire des trucs dingues. J'ai peur que la vie fasse de moi quelqu'un de naze et de normal, dit-elle, entrant visiblement dans la phase "alcool philosophe".

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MessageSujet: Re: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptyMer 3 Sep - 17:21

« La meilleure ? » répéta Vitaly, en affichant un air de perplexité totale. Les neurones avaient du mal à se connecter entre eux pour le moment. « Tu ne parviendras pas à me duper. Moi aussi je sais qui tu es sous tes airs de.. de.. pré-pubère extraterrestre d'abord ! » s'exclama-t-il, alors qu'il pointait du doigt la robe verte fluo qui brillait dans le noir. Néanmoins, sa curiosité avait été piquée à vif et il entreprit de s'approcher d'Heidi et de sa récente découverte, tentant d'aligner un pas devant l'autre sans se retrouver par terre. Déjà, la jeune femme se faufilait à l'intérieur de la fenêtre ouverte qu'elle avait la présence d'esprit d'apercevoir à travers l'obscurité. Le russe resta un instant sans bouger, vérifiant si elle n'allait pas se faire happer par un monstre carnivore aux énormes dents jaunes phosphorescentes. Rien à signaler mon commandant. Agile comme un chimpanzé dans un arbre quand il s'agissait de se glisser quelque part, les réflexes de Vitaly se mirent en route et il venait d'entrer à l'intérieur du bâtiment avec une facilité qui le déconcertait lui-même, surpris d'avoir été aussi habile alors qu'il n'était pas capable de marcher sans tituber.

« J'ai une tête à savoir où on est ?
» répliqua-t-il, frustré de ne pas avoir de lampe de poche et, par conséquent, de ne strictement rien voir. Seule la démarche clopinante et la main d'Heidi lui servaient de guide et ce n'était pas forcément la meilleure solution. Il ne dit rien cependant, incapable lui-même d'indiquer le bon chemin. « C'est vraiment super glauque n'empêche » fit-il remarquer, se remettant en marche après quelques secondes de leur énième pause. Etrange, ils ne voyaient toujours aucune trace de lumière. Ils butèrent finalement sur une porte vieille et lourde, sa cousine eut beau actionner la poignée, elle ne voulait pas s'ouvrir. Le russe soupira, se laissant glisser sur le sol après avoir remarqué avec horreur que la tête lui tournait. La bouteille lui échappa des mains, tenue à présent par Heidi qui se chargea de la finir. Alors qu'il atteignait la douloureuse phase de vertiges dus à l'alcool, la jeune femme rentrait quant à elle dans la phase de questionnement existentiel. Inspirant et expirant avec exagération, Vitaly tourna la tête vers elle et essaya de distinguer sa silhouette à travers l'obscurité, tandis que son cerveau cherchait une réponse à peu près acceptable.

« Mamie Nico a plus de soixante dix ans et on ne peut pas la qualifier de normal.. » répondit-il, plissant les yeux alors qu'il levait la tête. « On est des Nicolaevitch, on ne peut pas devenir nase et normal, c'est genre.. contre notre religion et ça fait parti des principes de la famille.. » ajouta-t-il, essayant d'être plus ou moins lucide. Alors qu'il allait continuer son petit et misérable discours, un bruit attira son attention. Il venait de l'autre côté de la porte visiblement, quelqu'un se déplaçait et venait vers eux. Bien trop fatigués-défoncés-saoules pour bouger ne serait-ce qu'un petit doigt, aucun des deux Nicolaevitch se leva. Un déclic, un clé qui tourne dans la serrure et la porte s'ouvrit. Vitaly manqua de tomber à la renverse, n'ayant plus aucun soutien pour son dos. Il se rattrapa de justesse, réalisant quelques secondes plus tard qu'un homme vêtu d'une blouse blanche se tenait dans l'encadrement. Le russe bondit sur ses pieds, attrapant à la volée la bouteille de rhum - une arme comme une autre.

« Pas dé panique lés enfants » déclara la chimiste fou - il avait tout l'attirail : la blouse, un stylo et un crayon dans sa poche, des lunettes rondes et un sourire de dingue. « Valério m'avait prévénou dé votré vénoue » ajouta-t-il, pensant certainement les rassurer. Vitaly le jaugea rapidement, incapable de bouger, pétrifié une bouteille à la main. Pourtant, l'homme qui venait de parler n'avait quasiment rien d'inquiétant. Pour prouver sa bonne foi, le chimiste-tout-ce-que-vous-voulez tendit sa main vers Heidi, afin de se présenter. « Yé souis El Tony, mon associé m'a parlé dé vous »
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MessageSujet: Re: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptyMer 3 Sep - 19:20


    Heidi écouta son cousin aussi attentivement que ses quatre grammes le permettaient et fut un peu soulagée. Il n'avait pas tort. Elle le savait au fond d'elle qu'elle ne risquait pas de devenir normale d'ici tôt. De manière générale, les Nicolaevitch étaient tous un peu barrés, même si chez certains, ça se voyait plus que chez d'autres. Elle lui adressa un sourire qu'il ne vit absolument pas dans le noir et lâcha sa bouteille maintenant vide. Elle se mit à sursauter lorsqu'elle tendit un bruit derrière la porte. Celle-ci s'ouvrit subitement, manquant de faire tomber les deux cousins. Ils reculèrent tous les deux, se retrouvant face à face avec l'archétype même du chimiste fou. Il avait tout l'attirail et même le sourire de desaxé qui allait avec, ce qui expliqua pourquoi Vitaly s'était emparé de la bouteille, prêt à frapper si celui-ci tentait de piquer Heidi avec une seringue empoisonnée. Seulement celui-ci se montra parfaitement cordial et tendit la main à la jeune femme qui souriait déjà de toutes ses dents. Ce type avait une allure folle et un accent à couper au couteau. Elle lui serra la main avec vigueur et fit signe à Vitaly de lâcher sa maudite bouteille tout en suivant El Tony.

    Heidi écarquillait un peu plus les yeux à chacun de ses pas. Décidemment, Vitaly n'avait pas tort : ils se retrouvaient en plein film. La pièce était remplie d'étagère avec des tonnes de dossiers et de fioles en tous genre, tout ça formant un bazar monstre. Le petit homme semblait chercher quelque chose au fond de la salle tandis que les deux Nicolaevitch admiraient le paysage. Heidi n'aurait jamais imaginé qu'un tel endroit pouvait exister dans la bibliothèque si snob qu'ils fréquentaient étant petits.

    - Tu te rends compte ? J'suis sûre qu'il y a assez de produits dangereux ici pour fabriquer une bombe nucléaire ! dit-elle, hallucinée. On pourrait peut-être ...

    Elle ne pu terminer sa phrase puisque le savant allumé venait de faire sa réapparition, cachant quelque chose dans ses mains. Heidi était toute excitée, imaginant toutes sortes de scénarios plus dingues les uns que les autres. El Tony se tourna vers Vitaly en affichant un sourire édenté mais radieux tout en lui présentant une petite bouteille blanche. Il resta silencieux un instant, laissant Vitaly manipuler l'objet, perplexe. Ca semblait liquide. Si c'était un semblant d'héroïne, Heidi était barrée mais pas assez pour ça. Il semblait ménager son petit suspense puis se lança et leur présenta avec fierté ... un tout nouveau nettoyant surpuissant pour vinyles.

    Ce fut plus fort qu'elle, Heidi éclata de rire. Tout cela était tellement absurde. Surtout quand c'était annoncé avec un si bel accent : "Yé vous présente lé nouvel Flouox 2000, lé nétoyant sourpouissant pour tous les vyniles." Tout était drôle, du sourire satisfait du vieu fou à la mine dépitée de Vitaly. La jeune femme s'empara de la petite bouteille entre deux fous rires et l'examina de plus près. Tout cela avait paru si mystérieux. En réalité, ils ne s'agissait que de deux types qui avaient repéré un vendeur et qui voulaient lui faire acheter leur camelotte. Tandis que Vitaly essayait de lui expliquer avec ses mots de junkie dépravé qu'il n'était pas interessé, provoquant encore plus l'hilarité de sa cousine, celle-ci fit le tour du propriétaire, s'emparant d'une fiol d'éther et de lunettes de protection qu'elle remplaça par un miroir de poche. Echange de bons procédés oblige. Elle rejoignit les deux individus, chancelante, et promit au fameux El Tony qu'ils réfléchiraient à sa proposition puis ils s'éclipsèrent tous les deux en vitesse, morts de rire. Heidi essaya de retrouver son chemin dans l'obscurité et se cogna plusieurs fois contre diverses étagères. Lorsqu'elle retrouva enfin la fenêtre, il lui fallu faire preuve d'une grande agilité pour se hisser à l'extérieur. Elle enfila le pull en cachemire de Vitaly qu'elle avait rangé dans son sac tandis que son propriétaire sortait non sans difficulté à son tour.

    - Ca on peut dire que c'était une excursion ! dit-elle en riant. Quoi qu'on ne part pas tout à fait les mains vides, dit-elle en agitant la bouteille d'éther sous le nez de son cher cousin.

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Vitaly L. Nicolaevitch
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MessageSujet: Re: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptyVen 5 Sep - 22:51

Ils avaient enfin atteint leur but. Une étendue de surfaces carrelées, d'étagères surchargées, de fioles aux couleurs électriques, des livres ouverts ici et là, des dizaines de tubes à essai posés un peu partout, des machines bizarres, un flot de lumière blanche et une odeur chimique dans toute la pièce. Oui, Vitaly pouvait à présent se vanter d'être entré dans un vrai laboratoire, et d'avoir rencontré un vieux chimiste fou. Ce dernier tenait une minuscule bouteille dans ses mains, et le russe espérait réellement qu'il s'agissait d'une nouvelle drogue, un nouveau psychotrope ou un nouveau quelque chose excitant. Du LSD en solution liquide peut-être ? D'après ce qu'il savait, ça ne se faisait plus depuis l'époque de Ken Kesey et de ses Merry Pranksters, avant d'être interdit sur le sol américain. Cette idée l'enchantait au plus haut point, ayant déjà hâte de pouvoir revendiquer son appartenance aux néo-hippies.

En revanche, ce qui n'avait jamais, JAMAIS, traversé l'esprit de Vitaly, c'était le Fluox 2000. Les yeux rivés sur le flacon du savant fou, il espérait entendre dans les trente prochaines secondes un énorme "J'rigooooole". Son esprit tordu de junkie continuait à croire qu'il était en face d'une substance illicite qui aurait pu surpasser à elle seule trois sachets d'herbe, trente cinq pastilles de mescaline, une soixantaine de buvard d'acide, deux mugs de cocaïne, des poignées de pillules d'esctasy, vallium et prozac confondus, six bouteilles d'eau remplies d'éther, une vingtaine d'injections de morphine, un litre de whisky et, pour finir un litre de rhum. Quelle naïveté... Et à priori, le sosie de Marty Mcfly - ce grand scientifique de Retour vers le futur - ne plaisantait pas et à en juger par son terrible discours, il essayait de lui vendre son produit.

« Niveau marketing, j'ai déjà vu mieux » maugréa-t-il, en jetant un coup d'oeil à Heidi qui était littéralement pliée en deux. Peut-être que l'air dépité et désemparé de Vitaly y était pour quelque chose. « On fait des CADEAUX par exemple » fit-il, appuyant bien cette phrase par un air entendu, du genre "tu sais, les buvards d'acide qui sont cachés dans ton tirroir" mais visiblement leur Marty Mcfly ne comprenait pas le langage des yeux. Ou alors, il le comprenait mal puisqu'il essayait de lui fourrer dans les mains son Fluox 200. La fiole manqua de tomber par terre une première fois à cause du peu de réaction du jeune homme, et quelques secondes plus tard, il se débattait - pour de vrai - refusant de toucher la bouteille du diable et qui était la cause de ses désillusions. « Mais laisse-mo tran-quil-le man, j'en veux paaaaaaaaas de ton Fluox 666 ! » s'exclama-t-il, vant d'être coupé par Heidi qui se chargeait de régler l'affaire et de le ramener vers la sortie.

Avant qu'il n'ait pu dire quoi que ce soit, ils étaient déjà devant la fenêtre par laquelle ils étaient rentrés. Le jeune homme avait tout du gamin pleurnichard à qui on aurait enlevé son nounours préféré. Ses yeux étaient embués, sa bouche tordue et si on l'examinait de plus près, on aurait vu qu'il tremblait - de frustration et de colère. Se hissant avec énormément de mal par l'ouverture, Vitaly finit par revenir à la lumière du réverbère. Il se releva, frottant son pantalon afin d'enlever toutes les saletés accumulées durant de leur mission commando. Il allait ouvrir la bouche pour se plaindre et médire sur leur nouvelle connaissance mais Heidi fut plus rapide. Elle agitait un flacon d'éther sous son nez et, étrangement, un sourire radieux apparut sur le visage frustré de Vitaly. Pris d'un élan de joie soudain, il se précipita sur sa cousine et lui planta un baiser sur chaque joue, s'emparant au passage du nouveau Saint Graal.

« Je te promets qu'un jour, j'écrirai une Ôde à Heidi » s'extasia-t-il, voyant que le récipient en verre était encore plein. « Par contre.. je ne suis pas sûr que devenir une larve étherienne dans cette ruelle soit une bonne idée » ajouta-t-il, sérieux. Pour avoir déjà testé l'éther et ses effets, le jeune homme savait pertinemment les risques qu'ils encouraient en se prenant quelques bouffés du solvant dans un quartier glauque. Tout d'un coup, il se sentait.. responsable. L'histoire du Fluox l'avait sans doute fait décuver. « Je te ramène au nid des Nicolaevitch, on se fera ça demain soir » déclara-t-il, sourcils froncés en tendant la bouteille à Heidi.
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MessageSujet: Re: La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly]   La curiosité est un vilain défaut. [Vitaly] EmptySam 6 Sep - 0:49

    Le fou rire d'Heidi était maintenant incontrôlable. Elle n'avait jamais vu son cousin avec une mine si dépitée. Elle se demandait même s'il n'allait pas fondre sur place. Cela aurait pu être une issue logique à cette soirée qui n'avait décidément aucun sens. Après tout, cela n'avait rien d'extraordinaire lorsqu'il s'agissait d'une sortie entre cousins Nicolaevitch. De mémoire, Heidi ne se souvenait pas avoir jamais passé un moment normal genre petite discussion tranquille autour d'une tasse de thé avec Vitaly. Heureusement d'ailleurs. La jeune femme décida de mettre fin à son supplice et lui présenta fierement la petite bouteille d'éther. Comme elle l'avait présenti, il accueilli ce cadeau avec une grande joie. Tout sourire, il planta deux bises sur les joues de sa cousine et s'empara de la petite bouteille.

    - J'ai jamais été très à l'aise avec les poèmes à ma gloire. J'préfererais que tu fasses une ôde au rideau de douche de la petite salle de bain du haut ou à mon poignet à la rigueur.

    Et puis soudain, son cousin passa du "sourire bête prêt à ingurgiter/fumer/sniffer n'importe quoi" à l'éclair de lucidité responsable. Il remit la bouteille entre les mains d'Heidi, promettant de remettre ça à plus tard. Enfin dès le lendemain soir : il voulait bien attendre mais fallait pas abuser avec la patience non plus. Seulement lorsqu'elle entendit le nom sacré de leur famille, Heidi sut que leur petite expédition touchait à son terme. Bien sûr, elle était raide défoncée, ivre et fatiguée mais la petite avait encore de l'énergie à revendre. Elle eut cependant la présence d'esprit de ne pas protester devant les sourcils froncés de son cher cousin. Elle s'accorda tout de même une mine boudeuse, histoire de montrer son mécontentement. Malgré tous ses efforts, Heidi était peu crédible avec sa tenue phosphorescente et son talon cassé. Elle se promit de venir en Nike la prochaine fois.

    - Reçu cinq sur cinq capitaine .. dit-elle d'une voix endormie.

    A présent dans le centre, il n'avaient que quelques kilomètres à parcourir pour rejoindre la demeure Nicolaevitch. Arrivée à mi-chemin, Heidi fit une halte histoire de détruire son deuxième talon, excédée par sa démarche clauquediquante. Ils étaient loins d'être rapides mais au bout d'une bonne heure, ils apercurent les fameuses grilles du château. Heidi les poussa non sans mal et ils se retrouvèrent sur le pas de la porte.

    - Merde .. La fameuse scène du mec qui raccompagne la fille chez elle alors qu'ils ont passé une excellente soirée, dit-elle se remémorant des films type Bridget Jones. On est vraiment obligés de s'embrasser ? demanda t-elle, affichant un sourire moqueur.

    Elle lui adressa un clin d'oeil complice puis ouvrit la lourde porte avec le plus de précautions possible étant donné qu'elle n'était pas sensée rentrer à cinq heures du matin. Comme l'avait si bien fait remarquer grand mère Nicolaevitch, quand on habitait au château, on respectait les règles du château. Cela impliquait un couvre-feu à vingt heure. Elle regarda son cousin s'éloigner de sa démarche si particulière, autrement dit anarchique, en souriant et finit par refermer la porte derrière elle. Elle entreprit de cacher soigneusement la précieuse bouteille derrière le portrait amovible de Montesquieu qui se trouvait dans l'entrée et lui fit signe de surtout, surtout ne rien dire à propos de tout ça. Ne se sentant pas de monter la foule de marches qui la séparait de sa chambre, elle s'enferma dans la salle de bain qui se trouvait à quelques mètres de là et s'installa aussi confortablement que possible dans la baignoire, se préparant à une bonne nuit de sommeil.

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